Il y a un an presque jour pour jour, le 14 juillet, François Hollande assurait devant tous les Français : « La reprise économique, elle est là ». Ce qui, à l’époque, voulait être parole d’expert s’est vite transformé en un témoignage de plus du penchant présidentiel pour la bonne blague. Douze mois après cette annonce, en effet, non seulement la reprise n’est pas là, mais la conjoncture a tendance à se creuser. Et la France à décrocher de ses voisins, qui ont certainement moins d’humoristes à leur tête, mais plus de succès dans le pilotage de leur économie.
Ce décalage n’a d’ailleurs pas échappé à Arnaud Montebourg : la preuve, il veut justement « lancer les bases du redressement ». Après plus de deux ans au pouvoir, il est bien temps. Malheureusement, la « feuille de route » qu’il propose est une incroyable provocation. Entendre le ministre de l’Economie de la deuxième puissance européenne exiger, dans un
grand discours solennel, « une évolution de notre stratégie macroéconomique », autrement dit une autre politique moins « conformiste », est un défi à François Hollande. L’entendre asséner que « nous allons essayer autre chose que l’austérité européenne » et tourner le dos « à l’incompétence, au dogmatisme, peut-être à l’aveuglement idéologique de dirigeants européens » est un gigantesque pied de nez à la règle admise par tous les pays de la zone euro, cette fameuse discipline budgétaire que la France échoue systématiquement à respecter.
En temps normal, cette double transgression – à la solidarité gouvernementale et à la signature de la France – aurait provoqué un recadrage de la part du Premier ministre et une vive inquiétude de nos voisins et des marchés. Si rien ne se passe, cela signifiera simplement que, en France comme à l’étranger, on ne prend plus Arnaud Montebourg au sérieux. Le revers de l’effet bonne blague, en somme.Nicolas Beytout
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