Le premier ministre italien souhaite exclure des déficits les investissements publics dans le Web. Bruxelles grimace.
«Le numérique est le facteur le plus important pour dynamiser la croissance et créer des emplois en Europe»: Matteo Renzien est à ce point convaincu qu'il lui a consacré le premier rendez-vous de sa présidence italienne de l'Europe, entamée le 1er juillet. Devant l'industrie internationale du numérique et des télécommunications rassemblée à l'Arsenal de Venise et en présence de Neelie Kroes, commissaire européenne auNumérique, le jeune président du Conseil, lui-même adepte passionné des nouvelles technologies, a brossé à larges traits les bienfaits et les conditions d'un numérique prospère en Europe.
La présidence italienne cherchera à promouvoir au cours des six prochains mois une autorité unique du numérique et fera pression à Bruxelles pour que les investissements structurels consacrés au
développement du numérique en Europe soient exclus du calcul du déficit public de chaque pays: «Investir dans le numérique est investir dans l'avenir. Impossible de penser à un marché unique sans songer à construire un marché numérique unique. Il est également illusoire de songer à sortir de la crise avec les instruments traditionnels», a martelé Matteo Renzi.
Depuis Bruxelles, Siim Kallas, vice-président de la Commission, a calmé les ardeurs du chef du gouvernement italien: «Il ne peut y avoir de bonnes ou de mauvaises dépenses. Le pacte de stabilité et ses règles est un pilier qui assoit la confiance (…). Respectons les règles. (…) Les dépenses sont les dépenses. Les dettes sont les dettes», a-t-il déclaré, tout en ajoutant que les possibilités de soutien à des projets sont nombreuses.
En attendant, la «déclaration de Venise» adoptée à l'issue du «sommet» énumère les actions à entreprendre pour généraliser le numérique en Europe. Mettre professeurs et éducateurs en réseau, simplifier les procédures de création des start-up, développer les services Internet dans les villes, créer un marché numérique européen de l'emploi et des retraites, libéraliser les licences et généraliser le recours à l'anglais comme langue commune sont quelques-unes des recommandations. Pour Matteo Renzi, introduire Internet et l'informatique à l'école dès le plus jeune âge est «une priorité pour l'Europe tout entière».
Six millions d'emplois
La quarantaine d'industriels présents ont été unanimes à convenir que le numérique constitue une opportunité unique pour relancer des économies fortement marquées par la crise. «Sa généralisation devrait permettre de dégager 5 % de croissance supplémentaire en cinq ans. Tout business, commerce, administration ou services, devrait avoir aujourd'hui une composante numérique», ont-ils estimé. Pour le Français Éric Boustouller, président de Microsoft en Europe occidentale, les nouvelles technologies constituent un formidable levier de croissance: elles «devraient pouvoir créer six millions d'emplois et dégager 700 milliards d'euros de PIB supplémentaire dans les cinq ans» sur le Vieux Continent. Les champs d'application sont innombrables: éducation, santé publique, recherche, innovation, commerce, relations entre le citoyen et l'administration, parmi tant d'autres.
Une étude de la société de conseil Accenture menée auprès de 500 industriels européens montre, sans surprise, qu'ils considèrent le numérique comme une clé de l'avenir. Mais qu'ils voient l'Europe rester derrière les États-Unis et la Chine pour les cinq ans à veni
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