Avancer, réformer, avancer toujours. Le mot d’ordre que s’est donné Manuel Valls a été respecté : le projet de loi rectificatif du budget a été voté, et celui, plus sensible, de révision du budget de la Sécu a été adopté en dépit des bruyants moulinets d’une partie de la gauche. Quant au sommet social, malgré la politique de la chaise vide de quelques syndicats, il a tenu toutes ses promesses : on n’en attendait rien, et nul n’a été déçu.
Sur le plan de la méthode, en tout cas, le gouvernement Valls affiche un meilleur professionnalisme que celui de Jean-Marc Ayrault, ce qui est heureux. Mais sur le fond, tout cela laisse un goût étrange. L’économie française se traîne, accumulant les contre-performances en matière de croissance et d’emploi. Le choc de compétitivité promis par François Hollande il y a 18 mois est toujours dans les limbes, le CICE commençant à peine à faire ses effets. Le choc de simplification tant vanté par le chef de l’Etat s’estompe chaque jour sous l’effet de la créativité maniaque de parlementaires fous de réglementation. La réduction des dépenses de l’Etat reste essentiellement virtuelle (on supprime davantage la hausse programmée qu’on ne coupe véritablement les crédits des ministères) et, plus grave, les projections pluriannuelles présentées par le gouvernement sont d’une grande fantaisie : comment croire par exemple que le chômage va reculer d’ici à 3 ans au point que les crédits du ministère du Travail pourront être rabotés de 15 % ?
On le voit, le réformisme de Manuel Valls est davantage proclamé qu’il n’est engagé. Mais personne, dans l’opposition, ne songe à lui reprocher ce jeu de rôle : l’UMP est tellement occupée à laver son linge sale en public et à avancer, avancer toujours un peu plus dans le processus d’autodestruction…
Nicolas Beytout
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