L’emploi devait être son objectif, le dialogue social sa méthode. François Hollande a déjà raté l’un : alors qu’il avait fait de la lutte contre le chômage l’alpha et l’oméga de sa politique, le chef de l’Etat devra bientôt inscrire à son bilan d’étape quelque cinq cent mille chômeurs de plus. Et il est en train de gâcher l’autre : jamais le dialogue social, qui devait être le signe de la modernité politique et le symbole de la maturité de la société française, n’a paru si tendu. Plus grave, jamais il n’a semblé si inutile.
Du côté des syndicats, on s’émeut de l’habitude qu’a prise le gouvernement d’intervenir pour défaire ou dérégler certains accords pourtant signés et validés par les partenaires sociaux. Le dossier des intermittents est l’exemple le plus caricatural de cette négation du dialogue
social. Et du côté du patronat, on s’exaspère de la valse-hésitation de l’exécutif, incapable de cadrer ses troupes et de résister aux pressions d’une partie de sa majorité. Le cirque parlementaire autour du pacte de responsabilité est la démonstration par l’absurde du grand vide de ce barnum.
Dans ces conditions, à quoi peut bien servir la prochaine grand messe sociale ? « A s’y emmerder », répond crûment Jean-Claude Mailly, le secrétaire général de FO. A donner bonne conscience à un gouvernement impotent, se disent de plus en plus de patrons, à éviter de faire une première brèche dans l’esprit du paritarisme. Et finalement à conforter François Hollande dans son mode de gouvernement, ses allers et retours, la mollesse de ses arbitrages, l’arrangement permanent avec les contraires, l’enlisement satisfait de sa politique. Petit à petit, le mythe du paritarisme et la célébration du dialogue social sont devenus l’excuse bidon d’un pouvoir désarmé face au chômage.
Nicolas Beytout
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