À Marseille, la croisière ne s'amuse plus. Les immenses paquebots de la Royal Caribbean, de MSC Croisières et deCosta ne peuvent plus accoster dans la Ville blanche depuis qu'un mouvement de grève des marins de la SNCM bloque le port. Cette situation, les professionnels de la croisière l'ont connue de nombreuses fois par le passé. La grève est «enkystée» dans cette ville. Mais cette fois, la saison estivale bat son plein et les bateaux de croisière regorgent de passagers qui embarquent et débarquent, sans oublier ceux en transit, prêts à visiter la ville et à dépenser…
Alors que la troisième semaine de grève s'amorce, les croisiéristes se demandent s'ils ne vont pas déserter le sud de la France plutôt que de contraindre leurs passagers à supporter les conséquences de ce mouvement social. «On entend parler de la SNCM comme si c'était l'acteur économique le plus important, mais la croisière pèse beaucoup plus lourd», tempête Erminio Eschena, le directeur général de MSC Croisières pour la France, la Belgique et le Luxembourg.
Au total, 1,3 million de passagers vont transiter par Marseilleen 2014, ce qui représente une croissance de 20 % par rapport à l'année précédente. Les retombées économiques directes et indirectes de cette activité sont évaluées à 170 millions d'euros pour la deuxième ville de France, avec des dépenses par passager d'environ 125 euros. Depuis le début de la grève, 18 escales de croisière ont été annulées, touchant 37.100 passagers et entraînant au passage une perte de 6,2 millions d'euros, selon le Club de la croisière Marseille Provence, qui dépend de la chambre de commerce et d'industrie.
«Actuellement, nous acheminons nos clients vers Toulon, notre port de repli, explique Erminio Eschena au Figaro. Mais il faut ensuite les ramener depuis Toulon dans des navettes à la gare Saint-Charles ou à Marignane, où ils prennent des correspondances en avion ou en train.» L'incompréhension de la profession est totale à un moment où Marseille est devenue l'une des principales places fortes de la croisière en Méditerranée, doublant Gênes historiquement bien placée.
Marseille a investi près de 100 millions d'euros
«Marseille est devenue notre fief commercial, souligne le dirigeant de l'armateur italien, qui rappelle que le MSC Divina y a été baptisé en 2012. Mais dans notre profession, nous sommes pragmatiques. Nous pouvons nous passer de Marseille et recréer une activité commerciale ailleurs. Si c'est le cas, il faudra des années pour y revenir.»
Un comble! Marseille s'est décarcassée pour la croisière ces dernières années. Le port a investi près de 100 millions d'euros dans des terminaux dédiés à cette activité. Un groupement d'armateurs - dont MSC, Costa et Louis Cruise - avait même obtenu une concession de 25 ans pour l'exploitation d'un terminal et de la gare croisière. Marseille affiche même l'ambition de se hisser dans le top 5 des ports de
croisière en Méditerranée en nombre de passagers. Les infrastructures ont été réadaptées pour accueillir des paquebots de plus en plus longs. L'Allure of the Seas, le géant des mers de la Royal Caribbean dont la longueur atteindra 362 mètres, prévoit de s'amarrer à Marseille en mai 2015.
Jeudi, les professionnels de la croisière réclameront au préfet que tous les moyens de police soient mis en œuvre pour garantir la reprise des opérations à Marseille.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire