Impossible de ne pas le voir ou l’entendre : en cent jours, Manuel Valls a changé l’image et la pratique du pouvoir. Davantage d’autorité et d’action, plus de fermeté et de communication. Tant mieux : personne ne pouvait se satisfaire de l’actuel affaissement de l’image du politique ni de l’effondrement de la crédibilité des gouvernants.
Mais, plus que les cent jours écoulés, ce sont les mille prochains qui sont essentiels : mille jours, c’est le temps qui nous sépare, normalement, de la prochaine élection présidentielle. C’est le temps qu’il reste à Manuel Valls pour obtenir du concret. Or pour l’instant, de résultats il n’y a point. Le chômage a poursuivi son ascension ravageuse, la dette a continué
son dérapage vertigineux, les 50 milliards d’économies budgétaires ne sont toujours pas identifiés, la réforme des territoires est bloquée et le dialogue social planté.
C’est tout le problème du « vallsisme » : la situation du pays est tellement désastreuse, les deux premières années du quinquennat de François Hollande ont été tellement construites à sens unique – à gauche toute – que le rééquilibrage tenté par le Premier ministre promet d’être une gageure. Pour une partie de la majorité, chaque pouce recédé à notre ennemie la finance sera vécu comme une défaite. Chaque concession au patronat sera une trahison, chaque rééquilibrage du logement en faveur des propriétaires passera pour une abdication devant les forces de l’argent. Quant aux syndicats, le grand sketch du sommet social démontre qu’ils n’ont rien perdu de leur réflexe de grévistes : certainement obtiendront-ils quelque chose en échange de leur reprise du travail, en l’occurrence la reprise du dialogue. Ainsi, flanqué d’une majorité divisée et apeurée, Manuel Valls choisira toujours, comme il a commencé à le faire, un subtil alliage de décisions et de concessions. Insuffisant.
Nicolas Beytout
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