samedi 10 août 2013

Hollande ou la mouche du coche…


 Hollande ou la mouche du coche...« Dans un chemin montant, sablonneux, mal-aisé, (c’est la crise) et de tous les côtés au soleil exposé, (c’est la mondialisation), six forts chevaux (les acteurs économiques) tiraient un coche… Une mouche survient, et des chevaux s’approche, prétend les animer par son bourdonnement, pique l’un, pique l’autre, et pense à tout moment qu’elle fait aller la machine… Aussitôt que le char chemine, et qu’elle voit les gens marcher, elle s’en attribue uniquement la gloire, va, vient, fait l’empressée… » Dessiné par La Fontaine, ce portrait de François Hollande est saisissant. Notre Président va et vient dans les provinces, et annonce la reprise et l’inversion
de la courbe du chômage. Son dernier bourdonnement : « quelque chose se passe »… Oui, trois choses en l’occurrence. D’abord, des signaux positifs viennent des États-Unis : fin juillet, le niveau de chômage était le plus bas depuis 2008. Durant le mois, 200 000 emplois privés avaient été créés par les entreprises, 17 000 de plus que prévus. Avec une hausse des ventes de 14%, le secteur automobile retrouvait la forme. Afin de maintenir un climat optimiste, la FED annonçait la poursuite de ses injections monétaires (85 millions de dollars par mois). Les taux d’intérêt demeurent bas et les bourses se réveillent. Si l’on peut s’inquiéter du caractère artificiel et fragile de cette reprise, il s’agit du résultat de décisions prises par l’administration et par la banque centrale des États-Unis. L’Euroland n’a pas les mêmes instruments, ni les mêmes capacités, puisque sa banque centrale a pour priorité la lutte contre l’inflation et que l’Europe n’a pas non plus de politique économique, mais des politiques, plus ou moins intelligentes et anticipatrices, des directives plus ou moins contraignantes et un fouillis de règlements qui freinent plus qu’ils n’accélèrent la croissance. Elle pourra néanmoins mécaniquement bénéficier de la reprise américaine et de la hausse du billet vert qui en sera la conséquence logique. En second lieu, les perspectives s’améliorent déjà également en Europe. Hors zone euro, la politique menée par David Cameron au Royaume-Uni porte ses premiers fruits. La croissance est de 1,4% en glissement annuel après un second trimestre à 0,6%. La production manufacturière a progressé de 1,9% au premier semestre, les ventes de voitures de 12,7% au mois de juin. Les services, la distribution et le marché du logement donnent des signes encourageants. Évidemment, la banque centrale britannique, imitant celle des USA, annonce qu’elle ne relèvera pas ses taux tant que le chômage ne descendra pas au-dessous de 7%. Dans la zone euro, il y a aussi de bonnes nouvelles. Le moteur allemand tourne plus vite, avec une augmentation de 2,4% de la production industrielle en juin et un excédent commercial qui bondit de 3 milliards à 16,9 par rapport au mois de mai. Globalement, l’indice européen des directeurs d’achats dépasse pour la première fois depuis 2011 le niveau de 50 qui témoigne d’un secteur manufacturier en expansion. L’Espagne enregistre le cinquième mois consécutif de baisse du chômage et le Portugal connait un premier recul de 17,7 à 16,4% au second trimestre. Enfin, l’expansion galopante de la Chine se modère avec un effet bénéfique sur le coût des matières premières. Le ralentissement chinois qui se traduit par une baisse des exportations et de l’excédent commercial devrait également amener Pékin à réorienter la croissance vers le marché intérieur pour atteindre son objectif de 7,5% nécessaire à la stabilité sociale du pays. C’est une opportunité pour nos exportations.

« S’il se passe quelque chose, comme le dit ce bon Monsieur Hollande, c’est ailleurs qu’en France. »

Ainsi, s’il se passe quelque chose, comme le dit ce bon Monsieur Hollande, c’est ailleurs. La France touchera évidemment sa part de la reprise, mais ce ne sera pas la sienne et on peut s’inquiéter de l’importance de cette part. Certes, elle va quitter à nouveau la zone de récession, mais avec des chiffres minables. La Banque de France pronostique un très modeste 0,1% de croissance au troisième trimestre, et l’INSEE un recul de même niveau sur 2013. Il faut bien sûr espérer une amélioration de ces résultats, mais politiquement on doit souligner l’inefficacité et la malhonnêteté de nos dirigeants. Pour justifier notre seconde récession au premier trimestre de cette année, ils désignaient l’environnement européen comme responsable. L’OCDE dans son dernier rapport parle au contraire d’une dynamique de croissance stable pour la France, délicieux euphémisme pour évoquer la stagnation, mais souligne les inflexions positives de l’Allemagne et de l’Italie. Autrement dit, si des choses se passent, c’est pas chez nous et notre Président compte bien sur les retombées de ce qui se passe chez les autres pour améliorer son tableau. Je doute cependant qu’il cite alors l’environnement européen comme cause de cette embellie. Il aura sans doute le front de dire qu’on l’a enfin entendu, et qu’on passe de l’austérité à la croissance. La réalité, c’est au contraire que les pays qui ont fait preuve de sérieux au travers d’une politique d’assainissement visant à réduire la dette et son coût au moyen d’une diminution de la dépense publique ont eu raison et que la France, pendant ce temps a bricolé avec une boîte à outils comprenant de nouvelles aides publiques et de nouveaux impôts pour les financer. Certes, l’importance de notre secteur public et la limitation de la population active et du temps de travail améliorent nos chiffres de manière illusoire, mais l’absence de réformes structurelles courageuses et la politique brouillonne menée dans notre pays seront aussi des freins à l’heure de la reprise dont on peut se demander si elle sera durable, tout en constatant qu’elle est plus forte dans des pays qui ont pratiqué l’austérité, et surtout chez ceux qui ont toujours la maîtrise de leur monnaie, comme le Royaume-Uni.
Pour en revenir à La Fontaine et à sa mouche, il conclut ainsi : « Ainsi, certaines gens, faisant les empressés, s’introduisent partout dans les affaires, ils font partout les nécessaires ; et partout importuns devraient être chassés. » Il faudrait que les Français suivent ce conseil !
Cordialement,

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