La justice comme toute institution de la République doit être comptable de ses actes, et ceux-ci doivent être transparents et lisibles par tous. Ce n’est pas le cas dans la France du XXIe siècle. Il y a eu l’affaire de Chartres, avec l’élargissement de trois délinquants car la maison d’arrêt locale était trop pleine pour permettre l’exécution d’écrou. Il y a eu la révélation d’une erreur commise en 2004 par le garde des Sceaux d’alors qui conduit aujourd’hui à la libération de criminels condamnés. Les deux épisodes témoignent du dramatique problème d’exécution des peines en France.
Jamais nous n’avions eu autant de prisonniers en période de paix
dans notre pays : 68 569, mais avec seulement 57 320 places dans les prisons. Et jamais nous n’avions eu autant de peines de prison ferme en attente d’exécution : pas loin de 100 000 ! Les prisons sont saturées, les condamnés restent en liberté faute de place, et les détenus sont incarcérés dans des conditions trop souvent inhumaines qui hypothèquent leur réinsertion. La contrainte qui pèse sur la dépense publique interdit tout programme massif de construction de prisons, dont l’efficacité serait d’ailleurs loin d’être garantie.
Il est d’autant plus urgent de trouver des solutions. Une privatisation accrue des fonctions pénitentiaires, comme en Australie ou au Royaume-Uni, serait une piste. L’enfermement doit conserver sa valeur dissuasive autant que punitive. La garde des Sceaux Christiane Taubira a montré qu’elle pouvait être efficace lors du débat parlementaire sur le mariage homosexuel. Il serait temps qu’elle s’attaque enfin à la modernisation de la politique carcérale. Ou qu’elle laisse la place à un ministre plus motivé.
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