Denis
Tillinac : Il y a une évolution sémantique mais ce sont toujours les mêmes.
C'est la traduction du mépris d'une caste parisianiste, éperdue de snobisme et
pseudo-cosmopolite, pour le peuple français ordinaire, prolétaire et bourgeois.
Ce qu'ils appellent une "France rance", c'est une France fidèle à ses
attaches, l'attachement à un terroir, à une patrie, éventuellement à une
religion ou à une confession, à un art de vivre et à la pérennité d'une culture
qui s'est exprimée depuis des siècles par la musique, la littérature,
l'architecture… C'est ce que Fernand Braudel appelait "l'identité de la
France", et Fernand Braudel n'était pas vraiment d'extrême droite
Les utilisateurs de cette sémantique sont moins nombreux
qu'on ne le croit mais depuis mai 1968, ils sont dominants dans le système
médiatique et universitaire, avec toute la capacité de contamination d'une
caste qui se serre les coudes. Les rances et les moisis, ce sont eux !
Quel est leur objectif
lorsqu'ils utilisent le terme de "France rance" ?
Ils
veulent déprécier tout ce qui a construit l'identité d'un
peuple depuis Clovis,
ils veulent le détruire, par un nihilisme profond maquillé en un faux humanisme
compassionnel qui survalorise n'importe qu'elle minorité. Mais cette
survalorisation sous-entend un refus de prendre en compte une majorité
car la "France rance" est majoritaire. Ça ne veut pas dire que les
minorités sont méprisables mais une minorité n'est pas une majorité.
Ils entendent diffuser le culte de l'indifférencié. Plus rien
ne dépasse : il n'y a pas d'homme et pas de femme, pas de mère et pas de père,
pas d'homo et pas d'hétéro, pas de Bretons, d'Antillais ou de Basques, mais
uniquement des individus qui devraient se fondre dans une grisailles qu'ils
appellent les valeurs républicaines. Mais ces valeurs républicaines auraient
fait hurler Luc Ferry !
L'objectif
est bien de tout éradiquer au nom du concept de l'homme nouveau, repris par Marx en son
temps. C'est l'homme tel que l'a défini Vincent Peillon, un homme délivré de
ses attaches, qu'elles soient familiales, territoriales, affectives… Le
prétexte est l'émancipation mais la réalité, c'est la normalisation. Avec
ces personnes, cette nouvelle génération de socialistes et d'écolos, nous
sommes entre la Terreur et les Thermidoriens.
Quelle réponse leur
apporte cette "France rance" ?
Sous
l'écume de la "policaillerie", une France des profondeurs qui en a
marre d'être méprisée commence à dire qu'elle existe et à contester un certain
nombre de crédos sur les minorités, sur l'immigration. Cette contestation n'a
rien de raciste, de xénophobe, ni même de nationaliste. Elle est de l'ordre du
bon sens et relève du désir d'exister sans être méprisé.
Les utilisateurs du terme de la "France rance" ne sont
rien ; ils sont à plaindre. Cela se voit car ils commencent à montrer
les dents. Il ne faut pas leur renvoyer la haine mais du dédain. Ils nous
traitent de réacs ? Hé bien nous sommes réacs !
Il faut réagir et constamment réaffirmer, sans exagérer, qui nous
sommes : nous ne sommes pas un peuple fabriqué par des migrations, nous ne
sommes pas des Américains et le cosmopolitisme n'est pas un métissage. Face à
ce totalitarisme égalitaire qui confond l'égalité et l'équité, nous
devons réaffirmer que nous ne nous équivalons pas parce que nous n'avons pas
tous les mêmes racines ni les mêmes cultures. Un protestant n'est pas un
catholique, un Suédois n'est pas un Portugais, un Breton n'a pas le même rapport
à la France qu'un Corrézien pour qui le sentiment régionaliste n'existe
pas.
Denis
Tillinac - Atlantico
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