Gabriel Lévy
Le 20
décembre 2013
M. Jean-Marc Ayrault, peu chanceux en ce moment, a
finalement décidé, mercredi 18 décembre, de reporter sine die la réunion sur
l'intégration prévue le 9 janvier 2014. Est-ce à dire que ce rapport
contesté finira au pilon ?
Ne nous réjouissons pas trop vite pour deux raisons :
a) selon Freud, les actes manqués sont révélateurs d’une pensée
inconsciente, mais il est rare qu’un désir refoulé ne perce pas un jour. Dans
le langage de Lacan, il s’agit seulement pour nos princes d’un « acte
perturbé » ; b) le nombre de personnalités ayant
participé à cette élucubration est un élément trop important pour ne pas
prédire sa résurgence.
En effet, dans la presse de ce jour, le premier ministre
rappelle le caractère collectif de cette œuvre : tous les
ministres, dit-il. Au moins dix dans les faits, cinq commissions, 250
« experts » désignés justement par ses services, un président de la
république informé. Comment, devant un tel nombre, croire que le volcan
n’entrera pas de nouveau en éruption ?
D’autre part, l’immigration alimente aujourd’hui
inexorablement les bataillons de ceux qui s’en prévaudront
demain. Nous vivons
le cauchemar de « l’apprenti sorcier » (Paul Dukas), filmé dans
Fantasia (Walt Disney), où Mickey, sorcier, se bat contre des balais qu'il
avait ensorcelés pour qu'ils portent des seaux d'eau à sa place.
Depuis de nombreuses années, les Français se complaisent
« dans la volupté à s'accuser » de tous les maux, estimant que
« dès que nous nous blâmons, il nous semble que personne d'autre n'a
plus le droit de le faire ». Tragique erreur, ils n’ont fait qu’ouvrir
le registre des récriminations et ce registre ne se refermera plus jamais.
« Il faut réfléchir avant de penser »,
disait Pierre Dac. Certes, nous ne supposons pas que nos présidents et nos
ministres soient totalement imprévoyants ou stupides. Ils prennent garde
seulement à ne pas nuire à leur carrière en imposant les mesures qu’ils croient
justes, et pour lesquelles ils ont été élus, Résultat ? L’un fut qualifié
de « roi-fainéant » et le dernier « de mou qui ne sait pas
trancher ».
Des « grandes incapacités (même pas) méconnues ».
Mais pourquoi ce délitement, auquel aucun pays ne résiste ? Parce que les
démocraties disposent, en abondance, d’hommes politiques, mais rarement
d’hommes d’Etat, ceux qui pensent à la prochaine génération et non à leur
prochaine réélection : ceux qui pensent à la place qu’ils laisseront dans
l’histoire de leur pays et non à la chronique de BFMTV du lendemain….
Ce qui ne nous empêche de persister à voter pour eux,
croyant élire le moins mauvais.
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