On savait déjà, en entendant la plupart de ses ministres, que Jean-Marc Ayrault n’avait plus beaucoup d’autorité sur son gouvernement ou sa majorité. Aux multiples provocations d’Arnaud Montebourg refusant de poser pour une photo avec le Premier ministre, le moquant devant des journalistes, ou pire encore refusant de répondre sur son maintien à Matignon, se sont ajoutées, entre autres, les petites phrases délicatement assassines du président de l’Assemblée Nationale, Claude Bartolone.
Et voilà qu’aux humiliations, on ajoute maintenant l’insulte : en propulsant en tête de liste pour les élections européennes Edouard Martin, le leader CFDT des hauts-fourneaux de Florange, le PS récompense en effet quelqu’un qui avait publiquement agressé Jean-Marc Ayrault, le traitant il y a tout juste un an de « traître ».
Déjà très affaibli par le lâchage de François Hollande sur son opération « remise à plat de la
fiscalité », malmené par l’échec de son blitzkrieg sur Bercy, déstabilisé par l’incroyable affaire des rapports sur l’immigration et l’intégration, le Premier ministre doit encore gérer l’indiscipline de plusieurs députés et sénateurs sur le vote du budget ou de la réforme des retraites, endurer les manœuvres des Verts, supporter leur surreprésentation et l’arrogance politique qu’ils en tirent, et faire avec les stratégies personnelles des candidats à son remplacement –il n’en manque pas.
Qu’il soit en sursis ne semble plus faire beaucoup de doute. Sauf accident, cette épreuve devrait prendre fin après les élections municipales et européennes, au printemps.
Mais d’ici là, cette ambiance délétère laisse peu de chances pour que la France soit gouvernée, encore moins qu’elle soit réformée.
Nicolas Beytout
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