25 DÉCEMBRE 2013 par LES4V dans POLITIQUE
Le conseil de sécurité de l’ONU a donné début décembre son « feu vert » pour une intervention de l’armée française en Centrafrique.
Certains commentateurs qualifient le France de gendarme de l’Afrique et, après les interventions en Côte d’Ivoire, en Libye et au Mali qui, toutes, furent présentées comme humanitaires et destinées à protéger les populations, au moins dans un premier temps, on peut se demander si ces interventions ne constituent pas une nouvelle forme de colonialisme.
Quelle sera la conséquence de cette intervention sur la situation politique du pays ?
Les nouveaux dirigeants, politiques et militaires, ont pris le pouvoir par la violence. Ils n’ont aucune assise, ni soutien populaire et ne sont parvenus au pouvoir que grâce au soutien hétéroclite de « milices », plus ou moins djihadistes, qui terrorisent les populations.
Ces derniers jours, sont apparus des reportages montrant les victimes musulmanes d’exactions soi-disant perpétrées
par des chrétiens. En fait, le conflit n’est ni politique, ni religieux. Ce sont les groupes armés venus du nord-est, ainsi que les nouveaux dirigeants, qui cherchent à obtenir un soutien international, afin de se maintenir au pouvoir.
L’exemple des interventions précédentes, surtout en Côte d’Ivoire, où les exactions des nouveaux maîtres ont été longtemps dissimulées, en mettant en scène celles des anciens, et continuent à se perpétuer sans provoquer d’émotion, devrait inciter à agir avec la plus extrême prudence.
La Centrafrique est entourée de plusieurs pays dont les gouvernements ne sont ni vraiment démocratiques, ni vraiment stables. Le premier objectif de leurs dirigeants est de se maintenir au pouvoir et ils sont généralement peu regardants sur les moyens d’y parvenir. Le pillage des ressources, avec la complicité de sociétés étrangères, est le moyen le plus courant de s’assurer les moyens financiers permettant d’équiper et d’entretenir une armée, qui constitue le soutien le plus efficace.
La Centrafrique a des ressources, peu et mal exploitées actuellement. Des sociétés françaises et étrangères s’y intéressent, auxquelles la situation actuelle est préjudiciable, et qui espèrent tirer des bénéfices de l’intervention de l’armée française. Coût à la charge du contribuable, bénéfices en faveur des sociétés privées ! Situation connue, à laquelle on ne pourrait échapper qu’en imposant une fiscalité locale conséquente et un remboursement des coûts ultérieurement, par un État stabilisé. Ce qui semble plutôt utopique.
Comment intervenir, en protégeant les populations et sans soutenir un gouvernement illégitime, ayant pris le pouvoir par la violence, grâce au soutien d’une armée corrompue ?
On nous promet une intervention à court terme, soit. Mais que se passera-t-il après ? Est-il possible d’espérer instaurer un fonctionnement démocratique, ou seulement une paix civile, dans un pays plus grand que la France, peuplé de quatre millions et demi d’habitants, dispersés dans la brousse, dont les équipements et infrastructures sont confidentiels et les frontières de simples traits sur des cartes ?
Les milices et groupes armés ne se dissoudront-ils pas dans le paysage comme au Mali ? Ne passeront-ils pas les frontières, parfois sans même le savoir, encore plus facilement ? Ne reviendront-ils pas immédiatement après le passage des troupes françaises ?
Des troupes, plus nombreuses que les soldats français, en provenance des États voisins, vont intervenir en soutien et assurer cette paix. Les expériences antérieures montrent que cette description idyllique correspond assez mal à la réalité. Les équipements, compétences et motivations, de ces troupes font souvent défaut et les traitements infligés aux populations locales par les troupes d’intervention africaines sont rarement dignes d’éloges. Surtout s’agissant d’ethnies ou de religions différentes.
Comment une intervention de courte durée pourrait-elle contribuer à résoudre les problèmes ? Malgré les interventions, ni l’Irak, ni la Côte d’Ivoire, ni la Libye, ni le Mali, n’ont connu la solution de leurs problèmes. Qu’en sera-t-il en Centrafrique ?
Marc-Albert Chaigneau
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