Avec le recul, on comprend bien pourquoi François Hollande n’a rien dit de son opération de la prostate : à quelques mois des primaires socialistes, probablement redoutait-il que cela le fragilise et change le cours de son destin. Alors son hospitalisation de plusieurs jours a été tenue secrète.
A-t-il eu raison ? Le problème du respect de la vie privée d’un homme public est trop complexe pour se plier à une règle unique. Et trop lourd pour être confié au seul jugement du principal intéressé, en l’occurrence le président de la République. Première règle, donc : ne pas s’en remettre à sa seule appréciation personnelle pour décider de dire ou de ne pas dire.
Le statut du chef de l’Etat, sa responsabilité immense vis-à-vis d’un peuple entier lui font
supporter une série de contraintes particulières. Ainsi, qu’un maire, un parlementaire ou même un ministre évoque son cancer une fois qu’il (ou elle) l’a dominé est digne ; que la maladie ait été cachée pendant le combat n’a aucune importance. Mais, et c’est la deuxième règle, le chef de l’Etat a une obligation de transparence supérieure aux autres. Pas n’importe quelle transparence, bien sûr : une opération peut être aussi anodine qu’une… teinture des cheveux pour estomper les atteintes de l’âge. C’est la troisième règle : le secret peut régner sur les sujets de santé qui sont réputés sans conséquence notoi
re. Dans tous les autres cas – et surtout lorsque sont évoqués des mots (la prostate) qui font écho au calvaire et aux mensonges d’un ancien président – tenir le secret, c’est construire le doute. Quatrième règle enfin : lorsqu’on s’apprête à conquérir ou reconquérir les suffrages de Français, le mieux est d’y aller en toute transparence, sans jouer avec la vérité. François Hollande disait lui-même, avant d’être élu : « Il est important que les Français aient confiance en la capacité de leur président à gouverner. » Ce serait bien qu’ils puissent avoir confiance dans sa capacité à toujours dire le vrai sur sa santé.
Nicolas Beytout
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