par Daniel Pipes
The Washington Times
3 décembre 2013
The Washington Times
3 décembre 2013
Le « plan d'action
conjoint » signé avec l'Iran le 24 novembre dernier à Genève par ce qu'on
appelle le groupe des 5+1 (Chine, France, Allemagne, Russie, Grande-Bretagne et
États-Unis), a suscité la joie des Arabes chiites, l'inquiétude des Arabes
sunnites et la panique des Saoudiens. La réaction de ces derniers aura des
conséquences aussi considérables qu'imprévisibles.
Des foules en liesse
accueillent le négociateur iranien de retour de Genève.
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d'une valeur approchant les 23 milliards de dollars, les chiites arabes se sont alignés sur Téhéran. Le Premier ministre irakien, Nouri al-Maliki a exprimé son « soutien total à cette démarche. » Le président syrien Bachar el-Assad a perçu l'accord comme « la meilleure voie pour garantir la paix et la stabilité. » Le président du parlement libanais, Nabih Berri, a lui parlé « d'accord du siècle. » Quant au Hezbollah, il a considéré l'accord comme « une grande victoire pour l'Iran. »
Le président syrien
Assad, dont le portrait est ici esquinté, a encensé l'accord de Genève.
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Face à cette réponse des plus diplomates, la réaction peut-être la plus décomplexée est venue du prince saoudien Al-Walid ben Talal, qui envoie régulièrement des ballons d'essai pour la famille royale. Il a qualifié l'Iran de « menace gigantesque » et a observé que, sur le plan historique, « l'empire perse s'est toujours opposé à l'empire arabo-musulman, et particulièrement aux sunnites. Le danger vient de l'Iran et non d'Israël, » une déclaration publique révolutionnaire et historique.
Le prince saoudien
Al-Walid ben Talal trônant dans son avion, assis sous le logo de sa société.
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Abdullah al-Askar, président de la commission des affaires étrangères de la Choura, le conseil consultatif du royaume, s'exprime plus en détail : il craint que « l'on donne à l'Iran plus d'espace ou plus de liberté dans la région. Au fil des mois, le gouvernement iranien a prouvé qu'il a pour la région de sombres projets et à ce titre, personne dans la région ne pourra croire naïvement que les choses se passeront en douceur… Les populations de la région… savent que l'Iran va interférer dans la vie politique de nombreux pays. »
Les médias saoudiens ont repris la même analyse. Le journal Al-Watan, qui dépend du gouvernement, avertit que le régime iranien « qui étend ses tentacules dans d'autres pays de la région ou essaie de le faire par tous les moyens possibles », ne sera pas lié par cet accord. Dans son éditorial, Al-Charq, autre quotidien, a évoqué la crainte de voir « l'Iran faire des concessions sur le dossier nucléaire en échange d'une plus grande liberté d'action dans la région. »
Certains analystes, surtout dans les petits pays du golfe Persique, sont allés plus loin. Jaber Mohammad, un analyste bahreïni, prévoit que « l'Iran et l'Occident vont parvenir à un accord sur la répartition de leur influence dans le Golfe. » Al-Quds Al-Arabi, journal qatari détenu par le gouvernement, s'inquiète de « l'alliance entre l'Amérique et l'Iran soutenue par la Russie. » Les rumeurs sur le souhait d'Obama d'effectuer une visite à Téhéran ne font que confirmer ces soupçons.
Mais la déclaration publique la plus claire est venue de l'ambassadeur saoudien à Londres, le prince Mohammed bin Nawaf bin Abdulaziz, qui, sous forme de menace, a dit : « Nous n'allons pas rester sans rien faire face à ce danger et nous allons réfléchir sérieusement à la meilleure façon de défendre notre pays et notre région. » Pour le dire courtoisement, les diplomates saoudiens ne sont pas coutumiers de tels propos concernant leurs coreligionnaires musulmans.
À quoi rime donc cette rhétorique inhabituelle ? La rencontre entre les intentions belliqueuses de l'Iran et la politique pro-iranienne de l'administration Obama a mis fin à plusieurs décennies de dépendance stratégique saoudienne vis-à-vis de Washington, poussant le pays à réfléchir à la question de sa protection. Ce point est important. Al-Walid a raison d'être fier : son pays, qui est le leader du monde arabe, jouit d'une influence majeure sur le plan international, régional, culturel et religieux. Cette façon de s'affirmer, aussi récente qu'inédite, produit des résultats : lutte contre leurs coreligionnaires islamistes, alliance tactique avec Israël, éventuelle acquisition d'armes nucléaires fabriquées au Pakistan et même rapprochement avec Téhéran. Autant de conséquences supplémentaires de la diplomatie désastreuse d'Obama.
Thèmes connexes: Arabie Saoudite, Iran, Politique étrangère américaine Il est permis de reposter ou de faire suivre ce texte pour autant qu'il soit présenté dans son intégralité et accompagné de toutes les informations fournies à propos de son auteur, de sa date et son lieu de publication et de son URL originale.
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