La séparation conceptuelle entre le sexe, déterminé par la biologie, et le genre, vu comme le résultat d’une construction culturelle et politique, ouvre depuis plusieurs décennies un riche champ d’investigation aux sciences humaines. Que cette idée scientifiquement prometteuse devienne, dans la France de 2014, l’objet d’une foire d’empoigne obscurantiste, témoigne de l’état de déliquescence dans lequel se trouve notre débat public. Objets de défiance croissante de la part des citoyens, les partis ne sont plus capables de porter les grandes controverses qui agitent les esprits. Ils devraient donc réfléchir à deux fois avant d’allumer des incendies.
La gauche est certes dans son rôle lorsqu’elle cherche à faire progresser la société ; elle ne l’est plus lorsqu’elle dégoupille grenade sociétale après grenade sociétale, dans l’espoir –
d’ailleurs fondé – d’alimenter la poussée de l’extrême-droite au détriment des partis du centre-droit. Il est pitoyable que le Parti socialiste en soit réduit à de tels artifices, dans un pays où le chômage de masse et le délabrement de nos finances publiques devraient mobiliser 100% des énergies du gouvernement et des élus.
Il est tout aussi pitoyable que l’UMP abdique toute réflexion de fond sur sa ligne doctrinale au profit de vaines querelles de personnes. Résultat, ses responsables n’ont plus aujourd’hui de position commune sur les questions de société ou la place de l’Etat. En l’occurrence, c’est le rôle de l’Etat de lutter contre les inégalités, et celles entre les hommes et les femmes sont encore très importantes en France. Mais ce n’est pas son rôle d’imposer l’enseignement à l’école d’une idéologie particulière, fût-elle d’avant-garde.