On connaissait, dans la bouche d’Arnaud Montebourg, la nationalisation-punition : c’est ce dont le ministre du Redressement productif avait menacé Lakshmi Mittal pour le sanctionner d’avoir projeté d’éteindre les hauts-fourneaux de Florange. L’Indien voulait-il fermer une filiale déficitaire ? On allait lui faire payer en confisquant la totalité de son entreprise. Heureusement, François Hollande et Jean-Marc Ayrault ne l’ont pas laissé faire.
Voici maintenant la nationalisation-contention : c’est pour contenir le chinois DongFeng que l’Etat va investir près d’un milliard d’euros chez PSA Peugeot-Citroën. Qu’il faille préserver
le constructeur national, et que cela passe par une mobilisation des moyens de l’Etat, pourquoi pas. Qu’on mobilise des capitaux, qu’on investisse, qu’on participe activement à la redéfinition de la stratégie de l’entreprise, bref que l’Etat nationalise, parfait si c’est pour se retirer ensuite. Exactement comme l’a fait Washington lorsqu’il a fallu sauver du trou noir plusieurs constructeurs américains. Lorsqu’il y va de dizaines de milliers d’emplois, lorsque la menace porte sur un secteur stratégique pour l’économie d’un pays, alors on comprend la nécessité de procéder à cette sorte de nationalisation-rebond.
Mais investir des centaines de millions et se retrouver en paravent censé dissimuler la présence des Chinois n’offre aucune garantie que la présence de l’Etat servira à quelque chose. Dire à la fois que l’avenir passe par la Chine mais qu’on ne veut pas des Chinois sauf sur les places arrières, est un peu court. Et croire qu’un Etat désargenté finira par faire jeu égal avec un puissant groupe mondialisé et porté par son gigantesque marché est illusoire. Ce libéralisme d’Etat sauce sucrée-salée ne fait pas une stratégie industrielle.
Nicolas Beytout