lundi 20 janvier 2014

Réduire le train de vie de l’État. Quand l’omnipotence réduit à l’impotence.

Ecrit le 19 jan 2014 à 22:20 par Frédéric Laboulaye dans Poing de vue

Réduire le train de vie de l’État. Quand l'omnipotence réduit à l'impotence.La seule véritable information de la conférence de presse du Président de la République le 14 janvier est l’annonce faite sur la nécessité de la baisse de la dépense publique. Non pas qu’on puisse le croire, abusés comme nous le sommes par des promesses vaines, mais parce que c’est le cœur du cœur du problème. C’est d’ailleurs une histoire qui commence mal, le président annonçant un Conseil stratégique de la dépense, un observatoire, comme il y en a tant, qui va commencer par augmenter la dépense publique pour savoir si on l’a baissée ! Ubu est roi et le Sapeur Camembert est son Premier ministre (vous savez, celui qui creuse un trou pour le remplir de la terre du trou qu’il a creusé). La Cour des comptes, la Commission des finances, le ministre des Finances et le Parlement sont une légion de cocus
puisque leurs attributions sont précisément la surveillance de la dépense publique. Souvenons-nous de la naissance historique du parlementarisme : « nul impôt sans consentement ». Au demeurant, la vraie raison de l’annonce de François Hollande, jamais évoquée, est tout simplement la menace de crise du financement public (56,4 milliards payés au titre de la dette en 2013). Quand on emprunte 8 milliards par semaine et que les taux d’intérêt montent (2,40% contre 1,80% au printemps dernier), le risque de défaut n’est pas exclu !
Consensuels ou opposants, une fausse fenêtre pour la symétrie
Les médias, les journalistes économiques, les grands et les petits patrons sont unanimes, les annonces de François Hollande vont dans le bon sens. On peut s’étonner d’une si grande naïveté qui ne s’explique que par la situation extrêmement grave de l’économie française. C’est le syndrome de Stockholm : pris en otage depuis des lustres par le fiscalisme, la bureaucratie, les réglementations, ceux-ci finissent par aimer le geôlier Hollande qui les y a enfermés et qui entrebâille la porte de la cellule. La prééminence d’une économie de l’offre est la SEULE solution possible en économie ouverte, néanmoins la question centrale n’est pas là, pas plus qu’elle n’est dans l’acceptation ou le refus des mesures annoncées par Hollande.
D’un côté, le refus radical exprimé symétriquement par Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen, qui ne manquent pas de voir dans ce « tournant libéral » la complicité PS/UMP, de l’autre un dédoublement à droite pour ne pas dire une division, ce que sait très bien faire Hollande, les uns acceptant (Borloo, Lemaire, Baroin, Raffarin), les autres lui refusant toute crédibilité dans les modalités d’application (Copé, Bertrand, Fillon) et, plus finement, déniant à Hollande le donnant-donnant : aide aux entreprises en échange du nombre d’emplois créés. Qui ne voit en effet que c’est un gage de négociations sans fin et de survalorisation de syndicats largement minoritaires, outre le fait qu’il s’agit d’une question mal posée ? Mais la question centrale dépasse complètement la classe politique parce qu’on ne saurait imputer au seul Président de la république l’impasse budgétaire et économique dans laquelle nous nous trouvons. Ce n’est pas un virage conjoncturel pour lequel Hollande est sans doute mal placé, mais d’un changement structurel, un changement de modèle, bref, d’une révolution, qui sont nécessaires. Les Français la veulent-ils, cette révolution ? À dire vrai, l’adhésion de principe est acquise mais à condition que les efforts s’appliquent aux autres. 15 milliards d’économies dès 2014 et 50 milliards sur les 3 exercices budgétaires à venir, ainsi qu’annoncé dans un précédent article : le pari ne sera pas tenu parce qu’il touche au tréfonds de ce qui fait la société française. Il n’est pas sûr que nos compatriotes aient bien saisi qu’il y a un lien étroit entre la liberté et la prospérité. Prêts à revendiquer pour les libertés publiques, ils sont aussitôt adeptes impénitents d’une intervention de l’État, dès lors qu’il s’agit de la vie économique. Le classement de la Fondation Héritage dans son index sur la liberté économique place la France au 70e rang (sur 177 pays) et, dans la rubrique « L’État et de la dépense publique », son classement plonge vers les modèles résiduels marxistes que sont la Corée du Nord ou Cuba !

« La tâche est herculéenne, on l’aura compris, et Hollande n’est pas Hercule. Parmi Les Douze travaux, celui qui convient le mieux pour aujourd’hui, c’est de nettoyer les écuries d’Augias. Dans le récit mythologique, celle-ci n’avaient pas été nettoyées depuis 30 ans, comme les finances publiques ! »

Faire reculer la puissance publique ?
Faire reculer la puissance publique, c’est aussi faire reculer l’impuissance publique là où elle n’a que faire, pour la faire avancer, là ou elle devrait être. L’omnipotence conduit à l’impotence ! Une fois encore sur ce dossier, on ne peut être qu’en désaccord avec les partis qui veulent défendre la souveraineté de la France. On ne pourra redonner de la force à notre police, à notre armée, à notre justice qu’au prix d’une véritable révolution budgétaire et la souveraineté passe par l’équilibre budgétaire. Après prés de quarante année de déficits cumulés, il faut enfin se résoudre à des changement d’état d’esprit. L’arbitrage résumé jadis dans la formule « le beurre ou les canons » reprend de la pertinence. À dire vrai, le refus d’un effort budgétaire drastique a été largement partagé par l’ancienne majorité, et la réponse par la hausse des impôts était lourdement engagée sous le mandat de Sarkozy. La nouveauté vient aujourd’hui du fait que la logique fiscale a atteint ses limites en terme d’efficacité économique et qu’il ne reste plus que la réduction de la dépense publique. Il faut se défaire enfin de l’idée qu’individuellement, on puisse s’enrichir par l’État. Cette idée est une idée d’Ancien régime, et singulièrement de louis XIV. Trop de fortunes sont encore constituées par la carrière au service de l’État. Il faudrait qu’aucun jeune Français ne puisse cultiver le désir de s’enrichir par une carrière publique. Il faudra donc modifier en profondeur et en volume le service public. Faire des économies suppose du courage politique, les arbitrages difficiles. Autrefois, la Commission budgétaire était surnommée « commission de la hache » et c’est bien à la hache qu’il va falloir tailler. C’est à ce prix que l’État pourra restaurer par exemple sa souveraineté diplomatique sans tomber dans l’allégeance féodale aux potentats du Golfe, comme le récent voyage de Hollande l’a manifesté jusqu’à la caricature. C’est à ce prix que la France pourra, au Mali et en Centrafrique comme dans ses propres banlieues, imposer réellement le recul de l’islamisme, par l’octroi de moyens supplémentaires aux soldats et aux policiers. En disant cela nous ne cédons pas à la constante et lassante rhétorique des moyens, nous assumons de mettre les moyens là où il faut en les retirant là où il le faut aussi.
La dette sociale en question
Enfin, la dernière mais pas la moindre des questions, celle de l’État providence. Selon le Haut Conseil du financement de la protection sociale, la dette sociale atteindra 10% du PIB en 2030. La dette, pas la dépense sociale (laquelle est de plus de 600 milliards et supérieure donc au budget de l’Etat) frôlera les 100% du PIB en 2060 et les frais financier requis pour son paiement viendront encore alourdir les déficits. La CADES, Caisse d’amortissement de la dette sociale, placera en 2014 sur les marchés internationaux entre 15 et 18 milliards d’emprunts. Qui peut croire qu’un tel système puisse survivre à de tels déficits ? Pire encore, il cannibalise l’économie française avec le soutien de la classe politique tout entière et la presse n’est pas en reste qui interdit toute parole allant dans le sens de la liberté de la protection sociale. La solution dont s’est bien gardé de parler Hollande est de rendre leur protection sociale aux français en supprimant son monopole illégal lequel a été aboli par l’Europe depuis 1992.
La tâche est herculéenne, on l’aura compris, et Hollande n’est pas Hercule. Parmi Les Douze travaux, celui qui convient le mieux pour aujourd’hui, c’est de nettoyer les écuries d’Augias. Dans le récit mythologique, celle-ci n’avaient pas été nettoyées depuis 30 ans, comme les finances publiques !

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