Deux fois déjà, nous sommes allés solliciter l’indulgence de Bruxelles. Deux fois déjà, la Commission, bonne fille, nous a accordé un délai de grâce pour remettre en ordre nos finances publiques, réduire nos dépenses et nos déficits. Mais cette fois, l’échec n’est plus permis : et puisque François Hollande s’est lancé dans un grand concours de promesses, accumulant par dizaines de milliards les engagement de réduction des dépenses, il va maintenant falloir entrer dans le vif du sujet. Et ne plus se contenter de passer la paille de fer, aussi douloureux que ce soit, pour n’aboutir qu’à des baisses en trompe-l’œil comme ce fut le cas l’an dernier (368 milliards d’euros de dépenses, contre 367 l’année précédente !).
Il faudra, pour avoir une chance d’être au rendez-vous de Bruxelles, employer tous les
moyens. Tous, c’est-à-dire privatiser massivement, dégager des recettes qui permettent de se désendetter plus rapidement. L’Etat possède encore plusieurs dizaines de milliards d’euros d’actifs dans des entreprises où il n’a pas grand chose à faire, autant les monétiser ; ça ne devrait pas poser de problème idéologique : Lionel Jospin reste à ce jour le Premier ministre champion des privatisations.
Tous les moyens, ça veut dire aussi réduire le périmètre de l’Etat, lâcher des pans entiers de ministères, supprimer des directions centrales, faire appel à des agences privées, et bien entendu, abaisser le nombre des fonctionnaires. Tous ceux qui ont cru dans les promesses du candidat Hollande ne l’ont probablement pas encore compris, mais lorsque le chef de l’Etat propose maintenant « de redéfinir les principales missions de l'État », ce sont bien les derniers tabous de la gauche qui commencent à vaciller. Ca mettra peut-être encore un peu de temps, mais c’est inéluctable.
Nicolas Beytout