Pour la quatrième fois depuis que François Hollande est au pouvoir, voici la France prête à entrer en guerre. Deux fois déjà, nos armées ont frappé : au Mali et en Centrafrique. Aujourd’hui, c’est l’avancée de l’Etat islamique en Irak qui provoque cette mobilisation. Et il s’en était fallu de peu que nous déclarions la guerre à la Syrie.
Pour la quatrième fois, le recours aux armées correspond, sur le plan intérieur, à un moment de fragilisation du président de la République. L’intervention au Mali se décide deux jours avant une manifestation imposante contre le mariage pour tous ; l’acte manqué syrien se déroule en pleine explosion du ras-le-bol fiscal ; le front de la Centrafrique s’ouvre alors que les Bonnets rouges font monter la pression et que l’opinion publique comprend que l’inversion de la courbe du chômage est un échec ; et aujourd’hui, c’est peu dire que le chef de l’Etat est proche du fond.
Sans aller jusqu’à suggérer que François Hollande utiliserait la guerre comme moyen de
détourner l’attention d’une opinion hostile, on ne peut qu’être frappé par le contraste entre l’activisme du chef de l’Etat sur le théâtre extérieur et son inaction sur la scène intérieure. Entre la projection de son volontarisme guerrier et son inaptitude à trancher sur le plan national. L’épisode des ordonnances avortées en est une triste illustration : le nouveau souffle imposé par Manuel Valls, la dégradation continue de la situation économique et sociale, tout conduit pourtant à gouverner à un rythme soutenu. Mais voilà, François Hollande est soumis aux caprices de sa fragile et frondeuse majorité : elle exige de débattre de tout ? On lui donnera le temps de dérouler sa liturgie parlementaire. Et tant pis pour l’urgence des réformes.
Blitzkrieg à l’extérieur, « drôle de guerre » à l’intérieur. Etrange schizophrénie.
Nicolas Beytout