« A part le bombardement, le contrôle des loyers semble être le moyen le plus efficace de détruire une ville » : cette célèbre citation d’un économiste suédois ne semble malheureusement pas être parvenue jusqu’à ces maires de grandes villes qui, pour « faire gauche », ont exigé et obtenu de Manuel Valls la possibilité de mettre en place un encadrement des loyers. Tant pis pour eux et leur ville : les Lille, les Grenoble et toutes les autres resteront à l’écart de la reprise du logement lorsque celle-ci se produira.
Le mécanisme de destruction est pourtant simple : le blocage des loyers ou leur contrôle administratif décourage les investisseurs d’immobiliser leurs capitaux dans des constructions devenues peu ou pas rentables du tout. Les mises en chantier dégringolent, l’entretien du
parc immobilier se relâche, les logements se dégradent ou se raréfient et progressivement les tensions sur les loyers s’aggravent. Exactement l’inverse de l’effet recherché.
Cet enchaînement est limpide. Il est intellectuellement simple, à la portée de tout homme ou femme politique. Mais il est lent : dans un secteur comme l’immobilier, les corrections prennent du temps, la destruction est progressive. Or la satisfaction de l’électeur n’attend pas : son exigence est immédiate, et peu importe que le long terme finisse par se retourner contre ses intérêts.
C’est là toute la différence entre intérêt général et ambition politicienne. Le sens de l’Etat nécessite de la pédagogie et de la durée pour faire comprendre, par exemple, que punir les « proprios » ne fera pas le bonheur des locataires, ou que prendre 75% de ce que gagne quelqu’un décourage les contribuables de rester et assèche la base fiscale. Le sens de l’électeur, lui, se consomme sans délai et se paye longtemps. Comme dirait Emmanuel Macron, « c’est du bon sens ».
Nicolas Beytout