mardi 23 septembre 2014

Lettre ouverte de Nicolas Sarkozy aux Français qu’il a déçus Ou ce que devrait dire l’ancien président

Mes chers compatriotes,
L’heure est très grave. La France ne cesse de s’enfoncer dans le marasme économique et social. Nous battons des records de taux de chômage et nos entrepreneurs fuient le pays. Le système éducatif s’effondre alors que les dépenses publiques et les prélèvements obligatoires n’ont jamais été aussi élevés. Les socialistes ont clairement montré leur incapacité à réformer le pays. Mais le temps des constats et des diagnostics est largement révolu. Nous savons ce qu’il faut faire. C’est pour cette raison – et uniquement pour cette raison – que j’ai décidé de revenir en politique avec pour objectif principal de gagner les élections présidentielles de 2017. Je veux agir. C’est pourquoi cette Lettre est adressée surtout aux Français que j’ai déçus durant mon premier mandat.

Je vais d’abord suivre les conseils de Jean-François Revel qui écrit, dans son essai L’Absolutisme inefficace (Plon, 1992) : « Si l’on réfléchit aux qualités que doit réunir
l’homme d’Etat en démocratie, on peut en énumérer cinq : avoir des convictions de fond et une vision d’ensemble personnelle ; maîtriser la tactique politicienne, savoir convaincre l’opinion ; posséder la capacité de décision (et de décision rapide) ; avoir le courage d’appliquer ce qui a été décidé (et de l’appliquer vite). »
Oui, je suis enfin convaincu que la France doit être réformée en profondeur. J’abandonne la « pérestroïka » que j’ai essayée en 2007. On ne peut pas réformer un système qui ne marche pas. Notre modèle social ne peut pas être adapté. Il faut le changer car il est le principal ennemi de notre développement économique. Pour commencer, j’ai choisi de ne plus m’entourer d’énarques et autres anciens inspecteurs des finances (une fois élu, je vais d’ailleurs supprimer l’ENA). Ce sont des personnes bourrées de qualité mais l’économie n’est pas du tout leur fort. Je ferai appel à des personnes de la société civile et qui connaissent l’entreprise privée. Ce sont eux qui savent mieux ce qu’il faudrait pour que les entreprises créent des emplois. Je ne commanderai plus des Rapports sur tous les sujets, j’abandonne l’ « ouverture » qui n’a servi strictement à rien ne serait-ce qu’à tuer dans l’œuf toute tentative de réforme. Je ne ferai plus appel à des Fregoli de la politique qui cherche des fromages à chaque changement de gouvernement. Il n’y aura plus de place pour des « idéologues » dans mon équipe. Je n’aurai autour de moi que des hommes d’action ! De même, je mettrai fin à la pratique du « dialogue social », le meilleur moyen de ne pas réformer. Les syndicats français ne représentent plus personne et nous n’avons plus le temps de « dialoguer ».
Parallèlement, je ne regarderai plus aucun sondage et laisserai les médias à ceux qui aiment les feux de la rampe. J’interviendrai seulement s’il le faut vraiment. Je consacrerai tout mon temps à AGIR.
Les riches ne seront plus mes ennemis. J’expliquerai aux Français que nous avons besoin de plus de riches pour investir dans notre pays. Je supprimerai l’ISF qui ne rapporte rien mais entretient une armée de fonctionnaires et créerai un environnement fiscal propice au retour à tous ceux qui sont partis à Londres, Bruxelles ou en Suisse.
Concrètement, une fois élu, je vais élaborer un contrat de baisse de la dépense publique de 150 milliards d’euros sur 3 ans – soit 50 milliards par an. L’effort collectif que cela représente nécessite d’atteindre le plus grand consensus possible, comme les Allemands ont su le faire.
Je vais surtout privatiser pour alléger la dette. Les participations de l’Etat dans les entreprises publiques représentent encore plus de 100 Milliards d’euros, c’est-à-dire un seizième de notre dette souveraine.
Je vais supprimer la plupart des niches fiscales. Leur suppression est d’ailleurs avant tout affaire d’équité avant d’être un impératif financier. Car toute niche est un privilège accordé à quelques-uns au détriment de tous les autres. La perte de ce privilège sera largement compensée par la refonte de la fiscalité directe dont la progressivité sera fortement diminuée.Au total, les niches supprimées rapporteraient environ 100 milliards d’euros au budget de l’Etat.
Parallèlement, je vais simplifier le système fiscal français au travers de trois principes : Moins de progressivité : pour l’impôt sur le revenu, le nombre des tranches de revenu sera réduit à deux, avec des taux respectifs de 15 % au dessus de 8.000 € et de 2% en deçà (assorti d’exonérations de charges). La baisse des taux sera plus que compensée par la croissance des revenus induite. Et plus de double imposition : les impôts sur le patrimoine, sur les sociétés et sur l’épargne doivent être supprimés puisque les contribuables ont déjà payé l’impôt sur le revenu.
Je donnerai la priorité absolue à la flexibilité du marché du travail, m’inspirant des lois Hartz mises en place par le chancelier Gerhard Schroëder au début des années 2000 et restaurant la liberté des contrats de travail.
Je vais réserver le statut de la fonction publique au personnel assurant des missions régaliennes de défense, police et justice. Les autres fonctionnaires seront soumis à des contrats de droit privé. Environ 1.6 millions postes de fonctionnaires doivent être supprimés pour être dans la moyenne des pays membres de l’OCDE.
Je suis conscient que notre système de retraites et d’assurance maladie ne peuvent plus survivre. Les déficits se comptent en dizaines de milliards d’euros. J’ai donc décidé de passer à un système de retraites par capitalisation comme cela existe d’ailleurs dans de nombreux pays, et même en France (pour les fonctionnaires nationaux et territoriaux, les sénateurs…). Notre système de santé qui devient de plus en plus coûteux sera progressivement ouvert à la concurrence et les Français bénéficieront d’un Compte santé individuel pour pouvoir s’assurer à la Caisse de leur choix. Nous serons ainsi en conformité avec les directives européennes que nous avons ignorées soigneusement depuis 1992.
Voilà quelques-unes des mesures que je compte prendre dans les jours et les semaines qui suivront mon élection. Si je suis élu, d’autres réformes seront appliquées, concernant en particulier l’Education Nationale, coûteuse et inefficace, qu’il faut soumettre à un régime de concurrence et d’autonomie.
Il faut dire la vérité aux Français ! Je ferai ce qu’ont fait, à un moment très difficile pour leurs pays, Reagan et Thatcher, mais aussi Gerhard Schroëder en Allemagne, Tony Blair, le candidat de la « gauche » britannique qui a même approfondi les réformes thatchériennes, Ruud Lubbers, le Premier ministre chrétien-démocrate des Pays-Bas, Jean Chrétien, le Premier ministre canadien ou bien le Premier ministre suédois, le socialiste Ingvar Carlsson. Ces quelques exemples démontrent qu’il ne suffit pas de faire semblant de réformer. Il faut aller jusqu’au bout et montrer une volonté politique sans faille en écoutant les électeurs. C’est la clef du succès aux élections. Croyez-moi, j’ai changé car j’ai beaucoup appris de ces exemples ! La rupture c’est maintenant ou jamais !
Nicolas Sarkozy avec l’aide de Nicolas Lecaussin

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