Figaro du 10-10-2013
François Asselin est président d'Asselin, une PME des Deux-Sèves, spécialisée dans la restauration du patrimoine en charpente menuiserie ébénisterie. Il emploie 140 salariés, pour un chiffre d'affaires de 17,5 millions d'euros.
patron de l'entreprise éponyme, lui-même fils de patron, a toujours l'envie d'entreprendre chevillée au corps. Sa PME spécialisée dans les charpentes et menuiserie d'art - il travaille entre autres à la reconstruction del'Hermione à Rochefort - emploie 140 salariés, pour la plupart des menuisiers-charpentiers. Mais depuis plusieurs mois, son envie d'entreprendre en prend un coup, face à l'instabilité fiscale qui épuise les entreprises. «Ce qui est détricoté d'un côté est retricoté de l'autre. Un ministère assouplit, un autre alourdit», proteste-t-il.
Les taxes apparaissent, disparaissent et resurgissent sous une forme nouvelle. Opérant dans le secteur du
bois, François Asselin doit ainsi supporter depuis trois ans une taxe affectée, égale à un pourcentage de son chiffre d'affaires, mais uniquement sur celui réalisé en bois massif… «Pas simple à calculer quand on n'est pas polytechnicien!», soupire-t-il. Et de citer également le projet d'écotaxe pour financer le recyclage des produits dérivés du bois annoncé en mai 2013… et finalement ajourné. «Le problème c'est qu'on ne sait jamais ce qu'ils vont nous sortir du chapeau. On avance dans le brouillard en espérant éviter les coups». Comment dans ces conditions faire un budget prévisionnel?
Fiscalité harassante
«Quand je fais un devis, je ne sais même pas quelle sera la ponction que je subirai dans quelques mois sur mes matières premières. Cette fiscalité complètement nébuleuse est harassante et finit par grignoter l'envie d'entreprendre», regrette-t-il. Et de citer aussi la refiscalisation des heures supplémentaires, qui a contraint ses salariés à «travailler plus pour gagner moins». Sans oublier l'évolution du régime social des indépendants (RSI), auquel adhérent beaucoup de chefs d'entreprise, qui voit ses cotisations augmenter. «Même si je suis moins bien couvert, j'ai choisi le RSI car çà coûtait moins cher à l'entreprise. Et voilà que le coût se rapproche de celui du régime salarié, sans pour autant que la couverture s'améliore», note-t-il.
Mais surtout, il prédit une véritable «apocalypse» avec l'arrivée du volet pénibilité de la réforme des retraites: en fonction de 10 critères de pénibilités édictés par la loi (exposition au bruit, à la poussière, aux gestes répétitifs…), les salariés cumuleront des points et pourront partir jusqu'à deux ans plus tôt à la retraite. Mais qui va payer? L'entreprise, qui est supposée «réparer». «Comment allons-nous faire? On voit le train arriver droit dans le mur. C'est énormissime», s'emporte-t-il. «On alerte, et en face personne ne réagit. Le drame de ce pays est que ceux qui font les lois, ne connaissent rien au monde de l'entreprise».
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