C’est un indicateur qui ne trompe pas : le raccourcissement du délai entre l’annonce par le gouvernement d’une décision et son retrait. Il y a un an, il avait fallu trois semaines pour faire annuler les dispositions plumant les « pigeons ». Il aura suffi de dix jours pour abolir la stupide taxe EBE sur les résultats des entreprises, cinq pour proposer à Leonarda de revenir en France, et trois pour battre en retraite sur la fiscalité de l’épargne.
Ces revirements accélérés sont évidemment dévastateurs pour l’autorité présidentielle.
Signe d’un stupéfiant manque de professionnalisme général dans la conduite des affaires du gouvernement, ils valident chaque jour le procès en indécision qui est fait au chef de l’Etat.
Conséquence : la mécanique du pouvoir est aujourd’hui totalement déréglée, et plus aucune décision de fond ne semble plus en mesure d’être prise. L’alchimie des mécontentements, des frustrations et des colères de l’opinion publique a produit un poison terrible : attaqué à l’extérieur, divisé de l’intérieur, le pouvoir est bloqué, comme enfermé entre les murs d’une prison qui rétrécissent. Impossible de bouger, d’agir, de trouver la sortie. Il n’y a que des mauvaises décisions à prendre et de l’impopularité à récolter. Et chaque jour qui passe, les murs se resserrent.
On a déjà connu, dans les décennies précédentes, quelques situations de ce genre, des moments où plus rien ne passe, où le pouvoir déboussolé ne peut plus compter sur ses soutiens, construire son action, défendre ses choix. Des moments où tout se retourne contre lui. Mais il n’y a pas d’exemple où le temps ait suffi pour trouver une échappatoire.
Nicolas Beytout
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire