jeudi 17 octobre 2013

Grève des impôts, la tentation monte… Mais à quoi ressemblerait une fronde fiscale capable de faire plier l'Etat ?

Atlantico : D'après les informations publiées ce lundi par le journal Le Monde, 72% des Français jugent le montant de l'impôt excessif et 43% estiment que payer l'impôt n'est pas un "acte citoyen". Un fait qui illustre la grogne croissante contre la politique du gouvernement, d'aucuns évoquant une "fronde fiscale" pour marquer leur opposition. Faut-il s'attendre à un grand mouvement de révolte fiscale dans l'Hexagone, et si oui, à quelles conditions pourrait-il concrètement se réaliser ?
Manon Sieraczek-Laporte : On assiste depuis quelques mois à l'émergence de petits groupes qui manient effectivement une rhétorique de résistance à l'impôt. Le collectif des "tondus" a par exemple menacé de cesser de payer les cotisations patronales alors que des mouvements tels que les Pigeons, les Plumés ou encore les Poussins manifestent eux aussi leurs colères. On ne peut pas dire pour autant que nous assistons à un mécontentement généralisé qui se manifesterait aussi bien dans la classe moyenne que dans la classe populaire, pour l'instant du moins.
Les professions libérales se plaignent elles aussi du matraquage fiscal sans en arriver au stade de l'activisme politique. Nous restons visiblement dans un phénomène de corporations organisées (entrepreneurs, artisans, commerçants), ce qui laisse penser que le "mai 68 de l'impôt" n'est pas encore pour demain. Il faudrait que le mouvement concerne des centaines de milliers de personnes pour prendre une ampleur suffisamment importante et devenir coercitive. L'enquête du Monde montre que 57% des Français consentent toujours à l'impôt, bien que l'on remarque aussi une tendance générationnelle à la baisse avec un score de seulement 46% chez les moins de 35 ans. 
Claude Reichman : Ce mouvement s’est déjà enclenché mais il hésite encore sur les moyens à employer. Sa force vient de ce qu’il n’est pas tant provoqué par le refus de principe de l’impôt, celui-ci devant s’entendre comme la somme des impôts proprement dits et des charges sociales, que par l’impossibilité où se trouve un grand nombre de petites et moyennes entreprises de le payer. Il a fallu que celles-ci soient vraiment acculées pour qu’elles finissent par réagir. Et c’est ce qui donne à ce mouvement un tour particulièrement inquiétant pour le pouvoir. Quand on n’a plus rien à perdre, on est prêt à tout, ce qui signifie que tout peut arriver.

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