Posted On 07 oct 2013
Je dois me rendre pour une dizaine de jours aux Etats-Unis. Je ferai tout mon possible pour envoyer quelques textes à Dreuz, mais je ne suis pas certain que je serai toujours à même de réagir à l’actualité. Il est d’ores et déjà de nombreux thèmes dont j’aurais aimé traiter ces dernières semaines et que je n’ai pu, hélas, faire qu’effleurer.
Disons ici qu’à mes yeux, les signes, hélas, se multiplient montrant que la France va très mal : il n’y a aucune baisse du chômage, au contraire, et il ne fallait pas avoir un doctorat en économie pour discerner qu’avec une croissance proche de zéro, l’économie française n’était pas à même de créer des emplois. Que tant de journaux aient parlé, pendant quelques heures, avant qu’une erreur de chiffre soit mise au jour, d’une « embellie » est, au minimum, consternant. Au delà du chômage, il faut constater la propagation de la pauvreté, l’accroissement de la délinquance, l’existence d’une bureaucratie asphyxiante, et l’absence quasi totale de signes indiquant qu’un sursaut est à même de se dessiner. Un sursaut est d’autant moins à même de se dessiner qu’une pensée monolithique règne qui écrase tout ce qui ne lui ressemble pas. Je m’éloigne provisoirement d’un pays dont j’ai dit plusieurs fois qu’il me semblait faire naufrage : je ne vois rien qui m’incite à changer de diagnostic.
Disons aussi qu’il me semble que nous sommes dans un très inquiétant basculement du monde. Si la France va
très mal, le reste de l’Europe ne va guère mieux, et l’Allemagne, dont je n’ai pu traiter au moment de la victoire électorale d’Angela Merkel ne semble aller moins mal que la France que pour quelqu’un qui ne se plonge pas dans les détails. Les investissements des entreprises allemandes dans la recherche et le développement sont très insuffisants. Les décisions prises en matière de production d’énergie aux fins de flatter les lubies écologistes coûtent très cher au pays. La natalité allemande est l’une des plus catastrophiques d’Europe et ressemble fort à un suicide collectif. L’Europe est en train de sortir de l’histoire du monde, et le futur semble destiné à s’écrire du côté de l’Asie et, pour l’heure, d’un ensemble où Moscou et Pékin joueront des rôles éminents qui ne me semblent pas très propice à la liberté individuelle. Le monde musulman est dans une phase d’effondrement qui va sans doute se poursuivre, et l’islam radical à propensions génocidaires a encore de beaux jours devant lui, hélas. Israël va devoir redoubler de vigilance sur une planète plus délétère, bien plus délétère.
Disons qu’il me semble que ce basculement du monde repose en grande partie sur le basculement des Etats-Unis. Et en m’y rendant, je retourne vers un pays que j’aime profondément, mais qui m’inquiète tout aussi profondément. Les Etats-Unis restent le pays de Ronald Reagan. Mais le pays de Ronald Reagan est de plus en plus submergé par le pays d’Obama. L’élection d’Obama était un signe effroyable. Sa réélection était un signe plus effroyable encore. Obama a abaissé la stature internationale des Etats Unis comme aucun Président ne l’avait fait avant lui, et a ainsi ébranlé très profondément l’ordre du monde issu de la Deuxième Guerre Mondiale : de cet ordre ont découlé la prospérité économique dont restent des vestiges, la liberté du commerce, des échanges et de la communication dont restent aussi des vestiges. Aucun ordre de remplacement n’est en vue et ce qui se profile a, plutôt, des allures de chaos crépusculaire. Obama a aussi broyé les Etats-Unis de l’intérieur : il est arrivé au pouvoir porté par ce que Roger Kimball a appelé la « longue marche », celle des gauchistes américains dans les institutions du pays. Les médias américains sont tenus par ceux venus de la « longue marche », les institutions d’éducation sont tenues aussi, l’économie américaine reste dynamique, mais s’essouffle, et Obama entend achever de l’essouffler, avec des chances d’y parvenir, hélas. La population américaine est en train de changer, et Obama fait tout pour accélérer le changement. La bataille engagée par les Républicains présentement, je l’ai écrit, est peut-être une bataille de la dernière chance, et la confrontation autour du budget qui est derrière le « shutdown » présent est cruciale : si les Républicains cèdent, les élections de 2014 et 2016 seront perdues, au profit de Démocrates qui n’ont plus rien à voir avec ceux des années Kennedy, et la liberté économique et politique aux Etats-Unis glissera vers les abysses. Obama espère que les Républicains cèderont. Les semaines à venir vont être rudes.
Qu’après avoir gouverné comme il l’a fait depuis cinq ans, après tous les scandales et toutes les malversations qui auraient du l’acculer à la démission, après avoir infligé tous les dommages qu’il a infligés au pays, il soit encore là montre qu’il y a quelque chose de très détraqué.
Je veux encore espérer, malgré tout, que ce n’est pas irrémédiable. Je veux encore espérer que nous ne vivons pas la fin d’une civilisation, et que ce qu’on a appelé civilisation occidentale a encore un avenir.
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