Par H16
Dans ce monde, il semble inévitable que ce qui un jour est monté finira par redescendre, plus ou moins vite. Et si cela est vrai pour les proverbiaux kilo de plomb et kilo de plumes, il en va de même pour la richesse et la grandeur des nations. Depuis quelques décennies, apparemment, la France a entamé son mouvement descendant.
Regardons froidement la situation.
Jusqu’à encore récemment, les Français fanfaronnaient sur leur système de santé efficace et jalousé du monde entier. Certes. Mais actuellement, on observe laconiquement qu’un Français sur trois renonce à se soigner, non parce que la trivialité de leur bobo réveillerait en eux la fibre sociale et ce besoin de parcimonie qu’une économie lourdement administrée finit toujours par réclamer, mais bien parce que, nom d’une pipe, ils n’ont pas les thunes pour le faire. Ironie du sort qu’on devinera, ici, particulièrement chafouin puisque là où les Français sont donc 33% à renoncer aux bienfaits de la médecine, seulement 28% des Américains se placent dans la même situation (leur système est, effectivement, marginalement moins socialiste que le notre, mais la faible différence suffit semble-t-il à dégager 5% d’écart).
Et ce qui est vrai dans le domaine de la santé l’est aussi dans le reste de l’économie : puisque de plus en
plus de domaines et de secteurs sont maintenant directement ou indirectement administrés par l’État, les effets ne tardent pas à se faire sentir. Le chômage, dont la courbe devait être
Cette pauvreté est, finalement, assez peu commentée. Pourtant, le plus inquiétant n’est même pas dans les chiffres bruts, mais dans la tendance qu’on observe d’années en années. S’il y a bien des Français pauvres et si les médias en parlent, si les journalistes, les politiciens l’évoquent et s’en emparent pour former des polémiques et des programmes électoraux, peu en revanche admettent une chose pourtant évidente : ces pauvres sont de plus en plus nombreux. La France s’appauvrit.
Et le pire est que les deux des principales raisons de cet appauvrissement sont, respectivement, la hausse des prix et la hausse des impôts. La première hausse est directement liée à l’inflation ou, alternativement, à la faiblesse de la monnaie, faiblesse entretenue en partie par les jeux d’écritures invraisemblables et incontrôlés des différentes banques centrales. La seconde hausse, celle des impôts, est directement la résultante de la gonadectomie dont ont été victimes les politiciens du pays qui se sont toujours obstinément refusés à baisser les dépenses publiques au profit d’une augmentation des ponctions tous azimuts.
On notera au passage la synthèse fournit par le chroniqueur dans la vidéo ci-dessus :
« Le discrédit des politiciens atteint des profondeurs abyssales (…) mais au fond, les Français sont plus audacieux que leurs élites. »
Ce serait dommage de s’arrêter en si bon chemin : une France qui s’appauvrit ne veut pas forcément dire que ce pays sombre intellectuellement, n’est-ce pas ? Eh bien si. Les récentes enquêtes, PISA ou autres, sont sans appel. Les petits gémissements gênés des autorités devant les résultats catastrophiques de ces études n’y changent rien et corroborent, par contraste, l’ampleur de la déroute. Un adulte français sur cinqprésente des difficultés importantes en lecture et en calcul. Sachant que l’EdNat représente la facture la plus salée après les charges de dette, on se demande si ces piscines olympiques de pognon ont été bien employées. Manifestement, non.
Puisqu’on est bien parti, continuons à établir l’état des lieux, par exemple en se penchant sur la « propreté » générale de la société française. Ce n’est pas brillant : je passerai très vite sur la collusion régulière entre l’état et le capitalisme à la française, connivences renouvelées au profit d’une petite élite qui a bien compris qu’il était bien plus aisé de faire des affaires avec la force de l’État derrière soi que sans. Le lobbying, on le comprendra, a de beaux jours devant lui. Mais au-delà de ce capitalisme de connivence somme toute banal dans ce pays, on ne peut pas s’empêcher de constater une corruption rampante à tous les étages.
Cette corruption, tant financière que morale, transforme la France en une véritable république bananière et touche ainsi autant les syndicats (qui sont devenus de parfaites mafias destinées à directement enrichir leur hiérarchie) — et ce ne sont pas les scandales réguliers qui pourront me démentir — que les politiciens (est-ce utile de détailler, M. Cahuzac, Mme Ghali, M. Guérini, M. Kucheida, etc…).
Et comme toute république bananière, la France dispose maintenant d’une armée devenue risible par des coupes de plus en plus claires, de plus en plus profondes, et de plus en plus délétères tant sur le moral des troupes que sur la bonne tenue générale du matériel. On peut encore, pour le moment, prendre avec une certaine distance les écrits de plus en plus apoplectiques d’une part grandissante des officiers de ce qui fut un jour une grande armée. Après tout, l’armée française en a vu d’autres. On pourra cependant s’interroger sur la lucidité d’un pouvoir qui rogne assez sévèrement sur les institutions chargées d’assurer sa solidité, d’autant que ce qui est vrai avec l’armée est constaté aussi avec la police qui commence à grogner de façon ouverte.
Devant ce tableau fort sombre, certains secteurs économiques pourraient redonner un peu de lumière et de couleur à un pays bien maltraité. La recherche, l’innovation sont, dit-on, en pointe dans notre pays puisque le nombre de brevets déposés est élevé. La réalité est malheureusement là encore sans pitié : la grosse majorité des innovations françaises sont le fait de sociétés multinationales et les résultats des découvertes sont majoritairement utiles … à l’étranger. Dans le détail, c’est essentiellement quelques grandes entreprises françaises qui entrent dans le top 50 des corporations les plus innovantes. Les PME restent, elles, à la traîne.
Si l’on ajoute un taux de natalité que bien des pays occidentaux les plus avancés nous jalousent (sans avoir même besoin d’aller chercher le Japon), une industrie qui s’oriente tous les jours un peu plus vers le tourisme, et des chefs d’état parfois élus avec 70% de voix favorables (hat tip Jacques) tout en étant finalement cordialement détestés par une majorité de la population, chefs d’états qui se comportent comme des monarques, il devient difficile de distinguer la France d’un pays du Tiers-Monde.
Oh, on n’y est pas encore officiellement : nous avons encore de belles infrastructures, de grosses entreprises, de l’électricité, de l’eau courante et du gaz à tous les étages. Mais le résultat de 40 ans de socialisme est évident : la France, jadis dans les pays les plus opulents tant par ses richesses que par les promesses de réussite future, a glissé dans ce ventre mou de la mondialisation. Et alors que cette mondialisation semble profiter à tant de pays qui émergent de la misère, la France, elle, s’appauvrit de plus en plus vite.
Elle s’appauvrit tellement qu’elle se replie sur elle-même, qu’un nombre croissant de ses habitants retourne aux campagnes, se débrouille et bricole, en se construisant des explications ad hoc pour se justifier d’avoir à travailler plus pour obtenir moins, plus difficilement. Dans cette nouvelle France qui recule, l’État, dont on réclame pourtant toujours plus et qu’on dote de prérogatives toujours plus grandes, se comporte alors comme un ennemi personnel.
Pour y échapper, chacun doit alors se contenter du minimum pour passer sous son radar fiscal, taxatoire, festif, éco-citoyen et appauvrissant. Que voilà un projet de société réjouissant !
Heureusement, on sait rire : il y a Leonarda et François Hollande.
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