On savait que la France était en train de perdre le contrôle de ses finances : en dépit des objurgations du gouvernement, la dépense publique continue en effet à croître, elle capte une part de plus en plus folle de la richesse nationale, la dette se dirige inexorablement vers les 2 000 milliards d’euros et les impôts se situent aujourd’hui à leur plus haut niveau historique. Constat terrible.
Mais il y a plus préoccupant encore : car on voit que la France est désormais incapable de
toute réforme touchant de près ou de loin aux impôts. Ecartelé entre le ras-le-bol fiscal de la population et l’obsession taxophile de la majorité, le gouvernement est piégé. Crée-t-il une nouvelle taxe, une nouvelle ponction ? Immédiatement la protestation enfle, l’obligeant à imaginer une niche, ou une exception, et pour finir une compensation. Laquelle à son tour provoque une colère, que le gouvernement tente d’apaiser : niche, exception, compensation. Une martingale de la facilité devenue intenable.
Et pourtant, la majorité ne fléchit pas : pas un jour sans une nouvelle taxe, pas un débat parlementaire sans un nouveau prélèvement pour complaire à chaque sous-famille de la majorité. Dans le scénario idéal de ces va-t-en-guerre de la fiscalité, on prend aux uns, les ménages, pour alléger les autres, les entreprises, que l’on punit ensuite d’avoir trop reçu. On modère des impôts pour mieux augmenter les cotisations sociales. On frappe les uns au nom de l’écologie, puis on limite la casse au nom de la préservation du pouvoir d’achat, que l’on dégrade finalement en brandissant bien haut les principes de justice fiscale.
Ne voient-ils pas que tout cela est devenu fou d’instabilité, qu’il n’y a plus aucune confiance dans les promesses de pause, les engagements de maîtrise, les serments de baisse prochaine ? Que la France est prise dans une nasse fiscale ?
Nicolas Beytout
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