Gabrielle Cluzel - BV
Leonarda.
Avec Fiona, le prénom féminin qui fait la une des médias. Et à écouter
certains, on croirait que Valls et ses sbires sont allés l’enterrer, elle
aussi, quelque part au fond de la forêt après l’avoir passée à tabac. Mais non,
Leonarda va bien, elle répond même obligeamment aux questions, entourée de ses
parents et de ses frères et sœurs, là-bas, dans son pays. Son pays, le Kosovo,
pour lequel, rappelons-le, le contribuable et le militaire français ont payé ces
dernières années un large tribut pour que ses habitants puissent y vivre en
paix.
Quel est
le problème, au fond ? Son mode d’expulsion, qui serait « infâme »,
« indigne », digne d’une « rafle » ?
Mais que s’imagine-t-on ? Que ce genre d’opération se fait habituellement
dans la joie et la bonne humeur ? Que les clandestins qui, par définition,
n’ont aucune envie de repartir et qui ont déjà montré que, pour cela, ils
étaient prêts à contrevenir à la loi, honorent bien volontiers les rendez-vous
à l’aéroport que leur a fixés ce sympathique tour operator qu’est la
police française ?
La vérité,
comme l’a reconnu Najat Belkacem elle-même, sur RTL, est que dans
chacune de ces histoires il y a souffrance. Évidemment, puisque l’intéressée
voulait rester. Du reste, après le cas Leonarda, commence déjà à poindre le cas
Khatchik Khachatryan, pour lequel il y a déjà des manifestations devant le
rectorat parisien, des lycées bloqués, et Daniel Vaillant qui en appelle à
Manuel Valls. Cet Arménien de 19 ans est arrivé avec sa famille en 2011 et a
été scolarisé dans un lycée professionnel du XVIIIe arrondissement. Identifié
comme « sans-papier » lors d’une arrestation pour un vol
commis aux Halles, il a été expulsé samedi. Faut-il, lui aussi, le faire revenir,
comme on le suggère, pour Leonarda, dans les rangs écolos et au
gouvernement ? Mais, dans ce cas, dans un esprit de justice élémentaire,
affrétons donc des paquebots, des avions, des ferries, et instituons donc « le
retour pour tous ». Tous ceux que nous avons honteusement, rudement,
maladroitement expulsés ces dernières années. Et tant que nous y sommes, pour
économiser gas-oil et allers-retours fatigants, supprimons la notion même
d’immigré clandestin : vive les « Papiers pour tous » !
Que l’accession à la nationalité française devienne celle d’un quai de métro un
jour de grève des contrôleurs. Pour qu’il n’y ait plus jamais de Leonarda ni de
Khatchik.
Évidemment,
il y a la loi. Mais la loi, il paraît qu’on s’en bat l’œil. Ce n’est pas moi
qui le dis mais le président de l’Assemblée nationale, Claude Bartolone. « Il
y a la loi. Mais il y a aussi des valeurs avec lesquelles la gauche ne saurait
transiger. Sous peine de perdre son âme. » L’objection de conscience,
quoi. Celle que l’on refuse obstinément aux maires, parce que, pas touche, ôtez
de là vos sales pattes, c’est un joujou exclusivement de gauche. Un joujou
chargé, en plus, avec des vraies balles… Pour la roulette russe. Parce que le
coup des valeurs plus fortes que la loi risque de ne pas tomber dans l’oreille
d’un sourd. Et pour certain segment spécialement chouchouté de l’électorat
socialiste, de faire jurisprudence. Les valeurs de l’islam, par exemple ?
Gabrielle
Cluzel - BV
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire