jeudi 17 octobre 2013

Le jour de la colère arrive

Ecrit le 16 oct 2013 à 19:16 par Christian Vanneste dans Poing de vue
 
Le jour de la colère arriveLe sésame du bavardage politicien, le mot magique, le trop fameux (et fumeux) pacte républicain est à nouveau invoqué, cette fois par Cazeneuve, qui cache la faiblesse de sa politique sous l’allure sérieuse d’un notaire de province et le ton sentencieux d’un enseignant de jadis. Les contribuables doivent, selon ce juriste apparemment si austère, être fiers de contribuer au fonctionnement des services publics, aux salaires des infirmières et des policiers, bref  au financement du pacte républicain. D’un côté, l’impôt, de l’autre le service. Voilà un sésame étonnant qui, au lieu d’ouvrir la porte d’une caverne emplie de trésors, ferme celle de la discussion. Il subsiste quand même la vague idée qu’il y a bien une caverne obscure, celle de la dépense publique et peut-être aussi 40 voleurs, comme il y a, par exemple et au hasard, 38 ministres, dont beaucoup sont inutiles et d’ailleurs peu connus, mais ont pour but d’incarner les courants et la diversité de la majorité ainsi que ses espérances de conquêtes locales, parfois déçues comme à Marseille. Le brillant juriste, spécialiste de la navigation, qu’est le
ministre du budget devrait pourtant se rendre compte que le contrat léonin des prélèvements obligatoires n’a rien d’un pacte entre parties égales. M. Cazeneuve est le ministre socialiste d’un État qui ne l’est pas moins, et depuis longtemps. Une dépense publique excessive, des prélèvements obligatoires abusifs, un système fiscal complexe et obscur, inventif et mouvant ont depuis longtemps faussé l’équilibre du contrat social. Lorsque les Français élisent leurs responsables et leurs représentants, ils ne savent pas à quelle sauce fiscale ils vont être mangés et n’ont aucun moyen de changer le menu, par le biais de référendums financiers, par exemple.
Ni liberté, ni égalité : la France attribue la part du lion au public au détriment du privé. Le regretté Jacques Marseille avait écrit La guerre des deux France : Celle qui avance et celle qui freine. Son analyse demeure juste, mais la situation s’est aggravée. « Un actif sur quatre, contre un sur sept partout ailleurs… La France dispose de dix fonctionnaires pour cent habitants tandis que la moyenne européenne se situe autour de six. » Cette importance de l’emploi public, le coussin amortisseur des effets de la crise gonflé par l’argent public, la création d’emplois artificiels financés par celui-ci ont masqué un temps la réalité. Aujourd’hui, la colère gronde car désormais il y a la France qui s’effondre et celle qui est protégée. Nous sommes loin du prétendu pacte républicain. Les salariés bretons de l’agro-alimentaire, ceux d’Alcatel-Lucent ou de Natixis, ceux de la sidérurgie ou de l’automobiles, ou encore ceux dont on parle moins dans les innombrables petites entreprises en difficulté protestent de manière de plus en plus véhémente, et on les comprend. Pour eux et pour leurs familles, la vie bascule avec le chômage. Elle perd déjà de son goût avec le seul risque. Pour celui dont l’emploi est menacé, pour l’indépendant qui n’a jamais connu les 35 heures, savoir que la vie de travail va être plus longue, alors que les salariés protégés du secteur public et para-public vont conserver leurs régimes de retraite avantageux, accroît le sentiment légitime d’une injustice. Pour l’ouvrier qui vient de perdre le bénéfice de ses heures supplémentaires désormais fiscalisées,  apprendre que les agents municipaux de Béziers bénéficient chaque semaine d’une demi-journée de repos payée en sus et ne sont donc au noble service du public qu’une trentaine d’heures, doit le décourager, sinon le révolter. On ne peut que déplorer l’accident survenu en Inde à un car de touristes français, mais est-il bien normal qu’un tel voyage soit financé par le comité d’œuvres « sociales » d’une autre commune de « droite » ? Alors les réactions peuvent être de deux types : soit on réclame encore plus de soviétisation, encore plus de fonctionnaires, des nationalisations, des protections de toutes sortes, et on tue le dynamisme des jeunes dont les plus entreprenants vont s’expatrier de même qu’on décourage les plus actifs, lassés de travailler pour payer des impôts ; soit on rend effectif le pacte républicain en cessant de brandir une liberté et une égalité factices. En dehors des missions régaliennes, celles qui assurent la sécurité intérieure et extérieure du pays, il n’y a aucune raison que les Français soient discriminés par des statuts différents. La véritable liberté consiste à leur permettre d’user du fruit de leur travail avant le jour de « libération fiscale » qui se situe à la fin du mois de Juillet. Dans notre pays cocasse, chaque Français qui travaille doit, en effet, se dire qu’il travaille enfin pour lui, le jour où il part en vacances. La véritable liberté réside dans le pouvoir de décider de son avenir le plus directement possible, par la démocratie directe, et non en le confiant à une caste de professionnels de la politique, qui n’ont fait que cela toute leur vie, à l’abri des conséquences de leurs erreurs. La véritable égalité consiste à dire et à assumer que tous les Français sont dans le même bateau et doivent ramer dans le même sens avec le but et les moyens de gagner une course pour laquelle la France a de solides atouts à une triple condition : qu’on lui rende sa compétitivité, qu’elle soit maîtresse de son destin, et que ses dirigeants aient du courage. Le courage dont Churchill, qui savait de quoi il parlait, disait qu’« il est la première des qualités humaines, parce qu’il garantit toutes les autres », est sans doute la condition la plus difficile à réaliser tant elle est absente dans notre classe politique.

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