C'est un coup de théâtre inattendu qui est intervenu mercredi 9 octobre au soir, lors des débats sur la réforme des retraites à l'Assemblée nationale. Les députés ont supprimé, à la surprise générale, le report de six mois de la revalorisation annuelle des retraites, prévu dans le projet de loi débattu depuis lundi. La suppression de l'article 4, intervenue juste avant la suspension de la séance pour la nuit, a été votée par 44 voix contre 39 à la suite d'une erreur de vote de certains députés socialistes. Au total, huit députés PS ont fait savoir à l'Assemblée qu'ils s'étaient trompés.
Un conseiller de la ministre aux Affaires sociales, Marisol Touraine, a aussitôt indiqué que le gouvernement reviendrait sur ce point plus tard dans les débats, dans la semaine,
par un amendement ou une deuxième délibération. Une perspective qui fait bondir les députés Front de gauche, opposés au texte : "Le gouvernement ne peut pas demander un nouveau vote sur une telle question. C'est une mesure phare du projet qui est annulée, et nous allons demander demain une suspension des débats sur la réforme eu égard aux conséquences financières du vote."
D'autant que certains députés, parmi lesquels l'écologiste Véronique Massoneau, ont affirmé qu'il ne s'agissait pas d'une erreur de la part des élus socialistes, dans la mesure où plusieurs se sont abstenus.
Une mesure "injuste" et "anti-sociale"
Sur cette question du report de six mois de la revalorisation des retraites, qui devrait rapporter 800 millions d'euros dès 2014, le groupe socialiste avait rencontré une opposition massive des autres groupes parlementaires. Qualifiée de "mesure injuste et cynique" par le député du Front de gauche Marc Dolez, elle est "anti-sociale", d'après l'UMP Xavier Bertrand, car elle "touchera les plus défavorisés", selon l'écologiste Véronique Massonneau.
Le gouvernement est "très attentif" à la situation des personnes, retraitées ou actives, à revenu modeste, mais cette question du pouvoir d'achat doit se régler dans le cadre de la discussion du budget 2014, avait fait valoir auparavant Marisol Touraine. "Nous pensons qu'il faut une répartition équilibrée des efforts entre entreprises, actifs et retraités", a ajouté le socialiste Michel Liebgott au cours du débat.
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