Ils sont une poignée de valeureux, moins d’un député sur dix, à s’intéresser désormais à la réforme des retraites. Quelques petites dizaines d’élus seulement, bataillant sur un texte qui aurait dû être une date dans la chronique de ce quinquennat. Le contraste avec les réformes précédentes est saisissant : pas de présence massive à l’Assemblée, de débats enflammés autour d’amendements de combat, pas de démonstrations spectaculaires, l’écharpe tricolore en bandoulière et le bréviaire du parfait petit modèle social à la main. Une sorte d’indifférence, en somme, qui n’est que la transposition dans l’enceinte du palais Bourbon de la maigre mobilisation syndicale constatée dans la rue.
Facile à comprendre, dira-t-on : sans vraie réforme, pas de grand débat. Le calme
parlementaire est l’exact baromètre de l’ambition minuscule de ce projet de loi. Et puis la majorité est verrouillée, les amendements sous contrôle. Quant à l’opposition, elle est partagée entre la gêne de reconnaître que les lois précédentes ont été insuffisantes, et la crainte d’aller au bout de ce que serait une vraie réforme.
Aller au bout, dire les choses, voilà pourtant l’enjeu. Sinon, comment mettre fin à la diatribe du Front national sur « l’UMPS », cette construction bizarre symbole du « système » ? Comment tuer l’idée que l’alternance porte au pouvoir les mêmes solutions, avec la même inefficacité ?
Il y a quelques jours, entre la poire et le fromage, Nicolas Sarkozy souhaitait paraît-il bon courage à qui voudrait se faire élire en promettant les 39 heures et la retraite à 65 ans. Personne n’est évidemment obligé d’être maladroit pour conquérir le pouvoir, mais masquer la réalité avant, c’est l’assurance de l’impopularité et de la paralysie après.
Nicolas Beytout
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