On connaissait la langue de bois, outil utilisé dans l’univers politique. Voici maintenant le silence de bois : c’est ainsi que François Rebsamen a décidé d’accueillir la publication des derniers chiffres du chômage. Ils sont si mauvais que, s’avouant vaincu à l’avance, incapable de trouver un bois assez dur pour les commenter, le ministre du Travail s’est tu. Lui qu’on entend commenter avec expertise les matchs de foot ne juge même plus utile de tenter d’expliquer l’inexplicable.
On connaissait la langue de bois, voici maintenant la blague en bois : c’est ainsi que le ministre des Finances a choisi de traiter l’incapacité de la France à créer des emplois. La rigidité des lois sociales n’entrave-t-elle pas l’embauche, le Code du travail n’est-il pas devenu monstrueusement épais ? « Il suffit de l’écrire plus petit », a répondu avec désinvolture Michel Sapin. Responsable, lui l’ancien ministre du Travail, de l’échec de
l’inversion de la courbe du chômage, il paraît tellement désarmé face à l’atonie de l’économie française et à son incapacité à créer des emplois qu’il se réfugie dans l’humour facile.
A un moment où les relations du pouvoir se tendent, aussi bien avec les syndicats qu’avec le patronat, et alors que plusieurs partenaires sociaux s’interrogent sur l’opportunité de participer à la prochaine conférence sociale, la dégradation des chiffres du chômage et des indicateurs de croissance devrait inciter le gouvernement à plus de professionnalisme. Silence et petite blague ne font pas un discours politique.
Manuel Valls, dont la communication et l’autorité sont sans conteste une force, ne devrait-il pas reprendre cela en main ? Il pourrait ainsi montrer de quel bois politique il est fait.
Nicolas Beytout