Si, comme le disait le général de Gaulle, « la politique ne se fait pas à la corbeille », l’économie, elle, ne devrait pas se faire sur les plateaux de télévision. En transformant les affaires Alstom ou Ecomouv en concours de testostérone et en faisant de l’interventionnisme d’Etat le test ultime de l’efficacité en politique, le gouvernement fait un grand bond en arrière.
Car, comme le disait Lionel Jospin, champion inégalé des privatisations, « l’Etat ne peut pas tout ». Cette phrase a beau hanter ceux des socialistes qui la vivent comme une démission tragique de la puissance publique, elle est d’une banale réalité. Non pas que l’Etat ne puisse
rien, et son intervention a parfois des justifications absolues : sauvetage d’une industrie en péril, soutien à une filière d’avenir, nursing de technologies à peine écloses. Mais son action n’est jamais plus efficace que lorsqu’elle reste temporaire, pour corriger le marché, l’anticiper ou donner du temps là où les cycles s’accélèrent.
Pour le reste, l’Etat est un piètre gestionnaire, par exemple chez EDF où il est incapable de choisir entre son intérêt politicien (pas de hausse des tarifs) et son souhait de propriétaire de l’entreprise (augmenter le chiffre d’affaires). C’est un médiocre directeur financier, ainsi que le prouvent la dette de la SNCF ou l’affaire SNCM. C’est un scandaleux DRH, en témoignent les centaines de milliers de précaires employés dans la sphère publique. C’est un actionnaire qui préfère se goinfrer de dividendes, entre autres chez Orange. Et c’est un mauvais négociateur, faible avec les forts (les manifestants à qui il lâche des milliards) et fort avec les faibles (les fournisseurs de l’Etat, en bagarre permanente contre ce mauvais payeur).
On le voit, pas davantage qu’avec les 35 heures, la France ne tient-là son grand projet qui éclairera le monde.
Nicolas Beytout