De quoi la protestation des intermittents du spectacle est-elle le nom ? Primo, du côté ruineux de notre assurance chômage. Les intermittents, avec 3 % des effectifs assurés, contribuent à eux seuls au tiers du déficit de la convention Unedic qui devrait atteindre 3,7 milliards cette année. Pour chaque euro de cotisation encaissé, 5,25 euros sont déboursés en allocations !
Secundo, du dévoiement de la belle valeur de solidarité. Car pourquoi reviendrait-il à l’Assurance chômage et donc, à tous les salariés lambdas et à leurs employeurs, de contribuer, via leurs cotisations, à financer les spectacles ? S’il faut vraiment subventionner l’industrie culturelle (ce qui est contestable), que l’Etat et les collectivités territoriales
prennent leurs responsabilités !
Tertio, de l’irresponsabilité politique, incarnée ici par François Rebsamen. Patron du groupe PS au Sénat, il faisait proclamer par son équipe de Dijon, pendant la campagne municipale cet hiver : « Pas touche au statut des intermittents. » Devenu entretemps l'intermittent ministériel du Travail, il s’apprête aujourd’hui à signer l’accord conclu le 22 mars entre partenaires sociaux pour limiter les avantages dudit statut.
Quarto, de l’absurdité du régime particulier des artistes et techniciens du spectacle, dont les allocations non seulement nourrissent une intermittence délibérée, mais aussi encouragent des entreprises, entre autres dans l’audiovisuel public, à le détourner pour éviter d’octroyer des contrats de travail en bonne et due forme à leurs employés.
Fleuron de notre « modèle social » qui produit un chômage de masse et incite des dizaines de milliers de jeunes Français à fuir leur pays, le régime des intermittents est un anti-modèle à oublier. Sans intermittence.