mardi 24 juin 2014

Montebourg veut créer des emplois en pénalisant l’emploi « non créé » !


Publié le  dans Travail & emploi
Par Nicolas Nilsen.
montebourg_alstom_bfm_2
50 000 euros par emploi « non-créé »
« Sur les créations d’emplois, nous avons demandé des pénalités financières : 50 000 € par emploi non créé. » C’est ce que Montebourg a déclaré hier matin sur RMC à Jean-Jacques Bourdin qui l’interrogeait sur les garanties obtenues en matière d’emploi dans l’accord Alstom-GE… Et, ravi des perspectives de généralisation que son idée géniale allait avoir, il a ajouté : « C’est la première fois qu’une entreprise mondiale accepte de la part d’un État de prendre des engagements et qu’ils soient sanctionnés de façon financière. C’est un précédent qui pourrait être un exemple »…
Mais dans quel monde vit Montebourg ? – lui qui n’a jamais créé un seul emploi de sa vie. Si General
Electric a promis de créer les 1000 emplois, c’est uniquement qu’il est sûr de les créer – et pas pour échapper à la pénalité-Montebourg ! Autrement dit, c’est de la fumée pour l’avocat de province promu ministre.
montebourg_tweet_alstom_bc
Une entreprise ne créé pas des emplois à cause des menaces de « sanctions financières ». Elle n’en crée pas non plus en « contrepartie » d’aides financières que lui distribuerait l’État. Elle en crée si elle sait que les embauches supplémentaires lui permettront de vendre davantage de produits ou services, qu’elle gagnera de nouvelles parts de marché, qu’elle fera des bénéfices…
Une entreprise ne crée pas d’emplois sous la menace de pénalités !
Un chef d’entreprise ne se lève pas le matin en se disant : « tiens, il fait beau, je sens que je vais créer 10 emplois aujourd’hui »… Il créé des emplois s’ils correspondent à un besoin de l’entreprise – pas aux vœux d’un ministre parisien. Un chef d’entreprise est contraint de fabriquer des produits qui soient les meilleurs possibles pour en vendre le plus possible. Il étudie la concurrence, l’évolution des carnets de commandes et les perspectives du marché, il évalue le montant des salaires des employés supplémentaires (qui s’ajoutent aux frais généraux, aux impôts, aux charges sociales, aux loyers, aux investissements à réaliser etc.) et il calcule ce que ces embauches rapporteront comme bénéfice à l’entreprise… Si ça marche, il continuera à embaucher de nouveaux commerciaux pour gagner de nouveaux marchés, de nouveaux ouvriers spécialisés pour faire tourner les machines, puis des secrétaires ou des comptables, pour avoir une intendance qui suive, faire croître son chiffre d’affaires, et – après avoir payé ses charges et ses impôts – générer l’argent qui lui permettra de continuer à payer tout cela les années suivantes…
L’emploi est lié aux opportunités du marché, et sûrement pas à la menace pesant sur le chef d’entreprise d’avoir à supporter des sanctions financières s’il n’embauche pas. Un patron ne crée pas d’emplois pour se soumettre aux injonctions de l’État, ou parce qu’un Montebourg veut faire rentrer de l’argent dans les caisses d’un État en faillite en imposant aux entreprises des charges, des contraintes ou des « pénalités financières ». Mais où Montebourg a-t-il appris l’économie ? Personne n’embauche pour échapper à une pénalité ou toucher une prime !
Et si on imposait des pénalités financières à Pôle emploi ?
Si ce système de pénalités financières fonctionnait comme « incitation » à créer des emplois, alors Montebourg devrait commencer par imposer des pénalités à Pôle emploi pour tout chômeur « non placé ». Il verrait bien que ce n’est pas la menace financière qui fait que les postes se libèrent et que les emplois se créent !
Le pire est que Montebourg est intimement persuadé que c’est comme ça qu’il va générer de la croissance et des empois en France. Du haut de leurs palais dorés, ces ministres-étatiques sont tout simplement en train de ruiner la France, l’État, les entreprises et les Français. Il faudrait leur imposer des stages en entreprise : qu’ils y apprennent les rudiments de l’économie et comprennent enfin ce que sont la concurrence, les contraintes du marché, la bataille pour remplir les carnets de commandes et ce qui fait qu’un pays est – ou non – attractif, innovant, compétitif et créateur de richesse et d’emplois. Les rudiments et les bases des lois du marché et de la libre entreprise en quelque sorte.
Et la folie fait école !
Dans son projet de « plan pour l’emploi des seniors », dont il a détaillé hier les grandes lignes, le ministre du Travail, François Rebsamen propose carrément de… doubler la prime du contrat de génération à l’embauche d’un senior… Ben voyons ! Jusqu’à présent, les entrepreneurs percevaient 2.000 € pour le maintien en activité d’un senior, à la condition de recruter un jeune en CDI, pour lequel ils percoivent 2.000 € supplémentaires. François Rebsamen propose de doubler la prime pour la porter à 4.000 € annuel. Avec cette nouvelle formule, l’employeur pourrait donc bénéficier de 6.000 € d’aides annuelles. Je propose que le gouvernement ne s’arrête pas en si bon chemin : triplons la prime ! Que dis-je ? Quadruplons la prime ! Multiplions-la par 10 ou 20 ou 30 tant qu’à faire ! Je me demande bien où ces ministres trouvent tout cet argent pour « subventionner » toutes les activités qu’ils financent ainsi royalement. Est-ce qu’ils ont prévenu les contribuables qu’ils allaient les ruiner pour faire baisser les statistiques du chômage avant les Présidentielles ?
rebsamen_prime

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire