vendredi 8 août 2014

«Monsieur le président, allez plus loin!», l'appel d'Hervé Mariton pour les chrétiens d'Irak

Hervé Mariton est député de la Drôme, ancien ministre et délégué général au projet de l'UMP.

Monsieur le Président,
Mêlez-vous des affaires du monde. Portez la conscience de laFrance, de tous les Français, celle de l'Europe, celle du monde, en soutien aux victimes de la tragédie des chrétiens d'Orient.
Les chrétiens d'Orient, une affaire religieuse? Sans doute, mais pas seulement. La religion en tout cas n'est plus ici une affaire privée. S'il plait à certains de l'y réduire, la dimension politique, publique, vitale est aujourd'hui évidente. Vous avez un devoir d'assistance à un peuple en danger.
Les autorités religieuses ont parlé, Monsieur le Président, c'est
précieux, mais cela ne suffit plus.
Monseigneur Barbarin espérait, dans son appel du 21 juillet, que Qaraqosh, la plus grande ville chrétienne d'Irak, devienne «un sanctuaire, un havre de paix pour les populations civiles de toutes confessions». Aujourd'hui ce sanctuaire est tombé, les djihadistes de l'Etat islamique se sont emparés de Qaraqosh. Comme ailleurs dans les villes soumises, les églises sont occupées, les croix enlevées, les livres brûlés. La population est chassée et elle fuit: les terroristes prospèrent. Des villes kurdes sont aussi tombées, les Yazidis (communauté pré-islamique) ont été assassinés, des enfants seraient morts de soif dans le désert.
Le monde ne doit pas laisser faire. La persécution des minorités est insupportable. Chacun peut un jour devenir minorité d'un autre groupe. L'autre jour, à la sortie de la messe de sympathie envers les chrétiens d'Orient à Notre-Dame de Paris, une dame et un homme en fauteuil roulant, originaires de Mossoul, m'interpelèrent et me rappelèrent ce que les juifs, quand ils avaient été chassés d'Irak, leur avaient dit: nous partons, aujourd'hui c'est samedi, mais prenez garde aussi pour vous, après samedi il y a dimanche.
Le monde, en réalité, laisse faire. Alors la France doit crier. Parce que s'il est un pays qui ose assumer un message universel de défense des droits de l'Homme, c'est la France. S'il est un pays dont les habitants revendiquent ce message, c'est la France. Mais le France ne peut être simplement une idée ; cette idée il faut la porter, l'exprimer, la réaliser.
L'aide humanitaire est-elle suffisante? Les Kurdes ont-ils les moyens de tenir leur territoire? Les circuits qui alimentent l'Etat islamique sont-ils suffisamment empêchés?
Monsieur le Président, allez sur le terrain, Monsieur le Président, mobilisez nos partenaires européens. Monsieur le Président, réunissez le Conseil de Sécurité de l'ONU, allez vous exprimer à l'Assemblée Générale, pour dire l'indignation du monde. Qui s'opposera à vous? Aujourd'hui, c'est l'abstention qui freine. Osez, agissez.

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