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 Rentrée des classes
    : l'Éducation Nationale est-elle au bord du naufrage ?
 FIGAROVOX/TRIBUNE - Pour la directrice générale de la
    Fondation pour l'École Anne Coffinier, l'école publique, abandonnée par
    l'Etat, agonise lentement mais sûrement. Une situation que la nomination de
    Najat Vallaud-Belkacem risque d'aggraver.
 Voici que Najat Vallaud-Belkacem est placée à la tête de
    l'Éducation nationale, elle qui est l'emblème même de l'idéologisation à
    outrance de l'école. La réalité dépasse la fiction. Alors que tous
    appelaient à un apaisement après les tensions suscitées par l'ABCD de
    l'égalité et sa paradoxale suppression-généralisation, une telle nomination
    interpelle fortement.
 
 Le président cherche-t-il à faire mieux passer le tournant libéral qu'il a
    été contraint d'opérer en économie en donnant à sa base militante une
    compensation sociétale (notre pauvre école étant désormais ravalée au rôle
    de laboratoire sociétal, cessant d'être une institution consacrée à
    l'instruction des citoyens) ?
 
 Il est fascinant de constater que c'est l'État lui-même, au plus haut
    niveau, qui aura tué l'école
 républicaine, en la détournant si
    ostensiblement de sa mission légitime qui est d'instruire.
 
 Cette nomination porte en tout cas le coup de grâce à l'Éducation
    nationale. Ce n'est pas que la personne du ministre soit décisive: on sait
    depuis longtemps que c'est une marionnette à laquelle on ne consent de
    pouvoir que pour autant qu'il s'exerce dans le sens souverainement
    déterminé par les syndicats enseignants. Mais cette décision constitue tout
    de même un symbole qui démoralisera à coup sûr les derniers résistants de
    l'intérieur qui, envers et contre toute la bêtise technocratique qui les
    opprimait, instruisaient jour après jour leurs élèves avec un dévouement
    admirable, malgré les programmes aussi mal fichus que changeants et un
    cadre administratif infantilisant et oppressant.
 Il est fascinant de constater que c'est l'État lui-même, au plus haut
    niveau, qui aura tué l'école républicaine, en la détournant si
    ostensiblement de sa mission légitime qui est d'instruire. Il n'y aura pas
    eu besoin d'un grand complot «ultralibéral» pour venir à bout de l'école
    publique. Cette thèse apparaît aujourd'hui pour ce qu'elle a toujours été:
    un fantasme sans fondement. Non, il suffit pour assassiner l'école
    républicaine d'avoir des responsables politiques et administratifs ne
    croyant plus au devoir sacré de transmettre, comme l'a montré en 2008
    Philippe Nemo dans Pourquoi ont-ils tué Jules Ferry ?.
 
 Rien n'est plus urgent que de sanctuariser l'école, de la préserver des
    querelles politiques, pour lui laisser faire son travail: transmettre la
    culture d'une génération à l'autre par un travail lent et humble, selon des
    programmes scolaires progressifs, structurés et cohérents. Les professeurs
    ne doivent plus être évalués sur leur docilité à l'égard de circulaires politisées
    mais sur le niveau académique de leurs élèves. Mais c'est bien le signal
    contraire qui est passé par la nomination de Najat Vallaud-Belkacem, ou par
    le projet de supprimer les notes ou encore par l'improbable taux de
    réussite record enregistré cette année au baccalauréat. Pendant ce temps,
    l'école publique française agonise. Socialement, elle est la plus
    inégalitaire de tous les pays de l'OCDE. Elle est aussi la plus inapte à
    assurer la formation des élèves les plus en difficulté, qui décrochent plus
    que dans les autres pays. L'OCDE tire la sonnette d'alarme, mais le
    gouvernement refuse d'en tirer des conséquences. Il n'y aura pas de «choc
    Pisa» en France malgré nos piètres performances à ce test de référence.
 
 Aucune réforme d'envergure ne se profile, bien au contraire. Force est de
    constater qu'il n'y a plus rien à attendre de l'Éducation nationale.
 
 Aucune réforme d'envergure ne se profile, bien au contraire. Force est de
    constater qu'il n'y a plus rien à attendre de l'Éducation nationale. Il n'y
    a donc pas de raison d'immoler plus longtemps nos enfants sur cet autel au
    nom d'une fidélité à l'école publique, et à l'idéal qu'elle a pu incarner.
 Dans un tel état de nécessité, il faut sortir des sentiers battus. Si le
    navire de l'Éducation nationale s'obstine à foncer dans les icebergs, il
    n'est point d'autre solution que de mettre à l'eau de multiples nefs. Les
    enfants d'abord! C'est ce que font tous ces parents qui ont retiré cette
    rentrée leurs enfants de l'école publique pour le privé. Aucune lâcheté à
    cela, mais bien plutôt la réaction mûre et déterminée de parents qui se
    savent être les premiers éducateurs et responsables de leurs enfants, quoi
    qu'en dise le gouvernement.
 
 Mais les places sont rares dans le privé, puisque l'État organise sciemment
    la pénurie de places en refusant de financer le développement des écoles
    sous contrat. Les parents sont ainsi conduits à ouvrir de nouvelles écoles
    libres. Soixante et une, c'est le nombre des nouvelles écoles indépendantes
    qui ouvriront leurs portes à la rentrée, contre trente-sept l'an dernier.
    Le boom des créations d'école est un signe d'espérance. Ce mouvement de la
    société civile n'est-il pas de bon augure sur la capacité du peuple
    français à se prendre lui-même en main et à innover dans le contexte de la
    défaillance croissante de l'État?
 
 
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