lundi 1 septembre 2014

La fiscalité déboussolée

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Tout va mal en France. La croissance est en panne, les impôts sur le revenu ne rentrent pas. Les déficits du commerce extérieur et du budget restent importants. L’investissement des entreprises reste en berne. L’emploi continue de se dégrader malgré tous les faux emplois créés et les mille et un moyens de masquer le désastre. Mais les mouvements de rue qui ont eu lieu à Paris en juillet quand Barbès est descendu dans le centre de Paris ne sont que le symptôme de cette France coupée en deux et dont la révolte sourd comme cendres prêtes à reprendre le feu.

Le gouvernement affirme qu’il veut maintenir ses orientations économiques et fiscales en dépit de ces signaux de danger. Mais qui sait quelle politique il conduit tant elle est incertaine, volatile et contradictoire ? Le débat fait rage chez les socialistes eux-mêmes dont des chevaux légers, les frondeurs qui étaient de plus en plus nombreux jusque chez les ministres, sonnent tour à tour des charges contre le gouvernement tandis que les camarillas de François Hollande et de Manuels Valls défendent un pré carré dont ils ne savent plus les limites. L’opposition à la gauche de ces derniers les accuse de
mener une politique libérale parce qu’ils veulent faire croire qu’ils ont opté pour une politique de l’offre alors qu’ils ne cessent de multiplier les contraintes et les impôts qui pèsent sur les entrepreneurs dans le cadre d’une politique fiscale faite d’augmentation et de réductions successives. Il n’est pas sur que le changement de gouvernement change la donne.
Selon l’usage, le gouvernement invoque l’environnement international pour expliquer ses déboires et pointe du doigt l’Allemagne à laquelle il reprochait jusqu’à présent son excessive santé économique tandis qu’il se sert désormais du ralentissement de sa croissance pour justifier qu’il ne s’agit pas d’un problème français. Mais la réalité est toute différente. Les difficultés de l’Allemagne sont dues en particulier à la fiscalité déguisée qu’elle a fait peser sur les ménages au travers de factures énergétiques qui sont près de 50% supérieure à la moyenne européenne. Et de la même manière, les difficultés de la France sont dues à la charge excessive de ses dépenses publiques dont la pose dans la progression ne cache pas un niveau au sommet européen derrière le Danemark.
En comparaison, la Grande Bretagne, dont la politique de MM Cameron et Osborne a été si décriée par les autres pays européens, est devenue la locomotive du G7 avec sa politique d’austérité. La croissance de son économie sera sans doute de 3% en 2014 et l’emploi y est vigoureux (6,2% de chômage). Le redressement des comptes publics et la politique de modération fiscale et de remise au travail des bénéficiaires d’allocation en sont la cause. Certes, cette nouvelle santé économique n’a pas été acquise sans des efforts importants des Anglais. Entre janvier 2008 et juin 2014, le nombre d’emplois au Royaume Uni a augmenté de 1,1 million dont 732 000 auto-entrepreneurs. Ceux-ci sont souvent des chômeurs qui se mettent à leur compte. Ils gagnent généralement moins qu’avant, mais ils travaillent et c’est mieux que s’ils recevaient des allocations. C’est précisément ce que n’a pas compris le gouvernement français.
D’autres pays sortent de la crise où la France reste enlisée. L’Irlande, l’Espagne et le Portugal ont encore une situation dégradée, mais les courbes vont dans le bon sens. Au Portugal, les avatars de la Banque Esperito Santo ont pu être traités selon les nouvelles règles européennes selon lesquelles les actionnaires et les créanciers non prioritaires sont les premiers à mettre la main à la poche en cas de difficultés des banques. Bien entendu, les 30 000 actionnaires de la banque Esperito Santo ont trouvé la solution saumâtre, mais auraient-ils demandé à partager les profits en cas de succès de la banque ? On peut espérer que par suite de ces décisions libérales et responsables, la faillite de cette banque ne remettra pas en cause les efforts significatifs et prometteurs du gouvernement portugais pour sortir de la crise.
A l’est de l’Europe, les pays qui ont subi une cure d’austérité vont mieux aussi. C’est notamment le cas de la Pologne, de la Roumanie, de la République Thèque et de la Hongrie. Partout le taux de chômage y est inférieur à la moyenne européenne. La croissance attendue pour 2014 y est égale ou supérieure à 2% comme elle l’est aussi en Slovaquie.
D’une manière générale, le gouvernement français doit comprendre que ce n’est pas par une politique de tergiversation permanente qu’il peut permettre le retour de la confiance, principal moteur d’une croissance durable, dont le ressort réside toujours dans la liberté assurée de manière pérenne aux acteurs de l’économie. L’austérité nécessaire doit passer par la réduction des dépenses publiques en même temps que par la baisse des impôts pour permettre aux acteurs privés de l’économie de se substituer, plus efficacement, aux institutions publiques défaillantes.

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