Il suffit de regarder l’agenda officiel de la présidence de la République pour s’en convaincre : alors que nous sommes dans la dernière ligne droite avant les élections de dimanche, François Hollande n’a aucun rendez-vous inscrit qui ait trait, de près ou de loin, à l’Europe. Aucune visite n’est prévue, aucun signal ne semble devoir être envoyé. Tout se passe comme si le chef de l’Etat avait décidé de se tenir le plus loin possible d’un désastre annoncé et qu’il préférait se montrer, en plein après-midi, sur une scène de théâtre et assister – c’est tellement amusant – à un concours d’improvisation. Triste symbole. De son côté, Manuel Valls choisissait, lui, de rencontrer Jacques Delors et, entre deux meetings et trois émissions, de s’afficher aux côtés d’un des dépositaires les plus célèbres de ce qu’est l’ambition européenne. Spectaculaire décalage.
Il est vrai que l’Europe n’est pas le meilleur terrain de jeu de François Hollande. Il n’a pas de
bilan : il avait promis un nouveau Traité européen, raté ; il allait imposer une nouvelle politique de croissance, perdu ; il avait espéré un nouveau délai de réduction des déficits, en vain. Et comme il ne semble pas avoir de projet, sa participation à la campagne s’est donc résumée à une tribune publiée dans un journal du soir, et dont personne ou presque ne se souvient, et à une promenade sous la pluie avec Angela Merkel censée prouver leur complicité et qui a souligné le gouffre qui les sépare. Bien sûr, il y a eu quelques gestes parfaitement ciblés comme la baisse des impôts pour ceux qui n’en payaient pas auparavant, et le décret protectionniste sur Alstom. Mais il s’agit là davantage de ficelles politiciennes que d’une véritable politique.
Comment s’étonner alors que les Français restent massivement indifférents à cette échéance électorale si le président de la République lui-même donne l’impression de s’en désintéresser ?
Nicolas Beytout
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