Il y avait eu un 21 avril, avec l’élimination de la gauche au premier tour de l’élection présidentielle de 2002. Il y aura dorénavant un 25 mai. Une date qui restera comme le symbole du jour où plus d’un électeur sur quatre a voté en France pour le Front national, où beaucoup plus d’un électeur sur trois, et parfois un sur deux, a violemment rejeté l’Europe. Un 25 mai triomphal pour la stratégie de Marine Le Pen qui s’installe au centre du jeu politique français en le dynamitant.
C’est là une leçon terrible pour les partis traditionnels de gouvernement : après une campagne entièrement en défense, sans perspective, sans véritable projet, leurs scores
misérables viennent souligner leur incapacité à formuler une offre entraînante pour l’Europe. Un vide d’autant plus spectaculaire qu’en face, Marine Le Pen a réuni sur ses listes des millions d’électeurs qui, pour bon nombre d’entre eux, ne croyaient pas vraiment son programme applicable mais voulaient exprimer leur exaspération et leur doute à l’égard de la trajectoire que les « partis républicains » leur proposent depuis des années. Comme on dit souvent : ça, c’est fait !
De cet état des lieux pathétique, de cette France politique en lambeaux, il peut sortir le meilleur comme le pire. Le pire serait que, loin de se ressaisir, l’UMP qui va traverser une semaine de tous les dangers ne s’enfonce dans ses querelles sous le regard impuissant du centre.
Le pire pour le gouvernement serait que le Parti socialiste une nouvelle fois humilié ne l’entraîne dans une dérive anti-Bruxelles, une contestation de gauche de ses choix budgétaires et sociaux. Quant à François Hollande, son bilan est limpide : il avait promis de relancer la croissance et de réorienter l’Europe ; aujourd’hui, la France est plantée, et le PS par son score exécrable fait perdre toute chance aux sociaux-démocrates de gagner le Parlement européen. Quelle déroute ! Mais jusqu’où fera-t-il chuter la France ?
Nicolas Beytout
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire