« L'Obsession antilibérale française » (Par Nicolas Lecaussin. Editions Libréchange. 225 pages. 18 euros)
Par Daniel Fortin | 23/05 | 06:00
Le rejet du libéralisme est l'un des rares sujets de concorde dans notre pays. Pourquoi tant de haine ?
Plus qu'une répulsion, c'est une véritable haine que la France entretiendrait à l'égard du libéralisme. C'est du moins la thèse de Nicolas Lecaussin, l'un des plus ardents défenseurs de cette doctrine en France. Une haine, donc, qui non seulement nourrit mais aussi formate l'ensemble de notre classe politique, droite et gauche confondues. Ce livre pamphlet, qui n'évite pas toujours la caricature, est néanmoins un essai stimulant. Extraits.
L'étiquette interdite : « Pour de nombreux Français, le libéralisme est la cause de tous les maux de la planète et l'origine, surtout, de tous leurs malheurs. Les politiques l'ont très bien compris, car tous les candidats (une dizaine) à l'élection présidentielle de 2012 ont fait campagne contre le libéralisme économique (pardon, il faut dire "ultralibéralisme" ou "libéralisme sauvage"). C'est une position typiquement française que l'on ne rencontre pas chez nos partenaires européens, chez lesquels l'un des candidats au moins se déclare "libéral"… En France, le mot "social" est la clef de la réussite politique, alors que le mot "libéral" est tabou, car il risquerait de nuire à toute carrière politique. Durant les dernières années de sa présidence, Nicolas Sarkozy a tout fait pour que l'on n'accole pas cette étiquette à son image. "Je ne suis pas le président des riches", répétait-il à longueur de journée. »
Le mythe du modèle social : « L'un des arguments les plus souvent invoqués par les antilibéraux est le modèle social français. Ce fameux modèle que tout le monde nous envie - mais que personne ne copie - serait
menacé par le libéralisme économique… Grâce à lui, notre pays bat des records. Celui du chômage par exemple, contre lequel (tous les hommes politiques de droite et de gauche nous l'ont assuré) notre modèle social allait nous protéger… Ni les Etats-Unis ni la Grande-Bretagne n'ont atteint notre niveau de chômage même aux pires moments de leur crise ! De plus, le taux est deux fois plus élevé qu'en Allemagne. Qui dit mieux ? »
La religion de la taxe : « D'après nos hommes politiques, plus on taxe, plus les caisses de l'Etat se remplissent… C'est une politique qui tue à petit feu les entreprises et les incite davantage à la délocalisation… Regardons en détail les différents taux d'impôts sur les sociétés et les rentrées fiscales correspondantes. Parmi les membres de l'OCDE, c'est en Norvège que l'IS génère le plus de rentrées fiscales (11 % du PIB). Et pourtant, le taux de l'IS se situe à 24 %, plus de 10 points de moins que l'IS français (36 %), dont les ressources ne s'élèvent qu'à 2,5 % du PIB. »
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