Coincé dans les embouteillages, le chef d’une des plus grandes puissances mondiales se hâtait avec lenteur pour rejoindre son palais où il devait prendre connaissance de la plus mémorable raclée subie par son parti en un demi-siècle.
Coincée dans les embouteillages, la France est immobile. Deux années de décisions à contresens lui ont fait perdre un temps infini : augmentation des dépenses publiques, embauche de dizaines de milliers de fonctionnaires, choc fiscal pour tous, instauration d’un climat de défiance vis-à-vis des entreprises et culpabilisation de la finance. Exactement le contraire de ce qu’ont fait les autres pays, nos voisins, pourtant engagés sur la même route que nous, affrontant les mêmes difficultés que nous.
Coincée dans les embouteillages, notre économie fait du surplace et la France déprime : pas
de croissance, pas d’emplois. Tant de promesses de réformes ont été faites dans les derniers mois : après avoir été augmentés, les impôts devaient baisser, la contrainte bureaucratique être simplifiée, la dépense publique reculer, les rigidités sociales être assouplies. Rien de concret n’a suivi, ou si peu. Ainsi, que s’est-il passé depuis les annonces, en janvier dernier, d’un nouvel élan social-démocrate ? Rien d’autre qu’un accord-cadre patronat-syndicats, très chic en affichage et quasi-nul en pratique.
Coincé dans les embouteillages, notre président de la République est désormais paralysé, pris entre la colère grandissante d’une partie de sa majorité à son endroit, l’inlassable pression réformatrice de Bruxelles et l’inquiétude croissante des autres pays européens qui craignent pour eux-mêmes les conséquences d’un échec de la France.
Coincé dans les embouteillages, impopulaire comme nul autre avant lui, François Hollande baisse la vitre de sa voiture. Il sourit.
Nicolas Beytout
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