Déjà démantelée – droite d’un côté, centre de l’autre – l’UMP a réussi au-delà de tout pronostic son opération d’autodestruction. Le parti est en lambeaux et ceux qui l’animent sont comme de grands blessés : rarement on aura vu se dérouler en si peu de temps scénario d’une telle intensité.
Au moment où le PS est abandonné par son électorat et commence à s’interroger sur la personne même du président de la République, le spectacle affligeant de la droite donne le sentiment d’un gâchis révoltant. C’est une évidence : dans cette France à l’arrêt devenue sujet d’inquiétude pour nos principaux voisins, les déchirements de l’opposition sont autant d’étapes perdues sur le chemin de la reconquête du pouvoir.
Mais paradoxalement, ce pourrait être aussi une chance. Car ce parti toujours hanté par la défaite de 2012, ce concentré de haines recuites traversé de lignes idéologiques divergentes,
cette UMP pourrait enfin, pour la première fois depuis sa naissance, repartir d’une feuille blanche. Tout était bloqué, et tout devient possible. Mais tout reste à faire : il faut encore qu’un leader clair se dégage, qu’il fédère autour de lui des camps dévastés, qu’il mette au clair le corpus idéologique du parti, qu’il réconcilie ceux qui militent pour une économie et un pays ouverts et ceux qui préfèrent se protéger, qu’il apaise ceux qui prônent une Europe fédérale et ceux qui veulent en réduire les pouvoirs, qu’il rassemble les droites républicaines et les centres pour présenter au premier tour de la prochaine élection présidentielle un candidat assuré d’être en finale dans cette nouvelle géographie d’une France tripartite.
Et par-dessus tout, il faut qu’il comprenne que les demi-mesures, les réformes mal assumées, les clair-obscur de la modernisation ont mis la France dans l’état où elle est.
Evidemment, ce n’est pas gagné.
Nicolas Beytout
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