C’est au mieux une bourde, au pire une provocation. Qu’à quinze jours des élections européennes, Angela Merkel et François Hollande aient évoqué, entre deux harengs de la Baltique, la nomination du futur président de la Commission européenne, montre le peu de cas qu’ils font du scrutin.
Certes, le nouveau traité de l’Union n’est pas limpide (le Conseil est prié de « tenir compte » du résultat des élections) et les Etats sont dans leur rôle en défendant leurs prérogatives face au Parlement. Mais en s’aventurant sur ce terrain, Angela Merkel et François Hollande ont d’abord en tête des calculs politiciens. La chancelière refuse de souscrire par avance au choix des électeurs car elle ne souhaite pas être contrainte d’adouber le social-démocrate Martin Schulz à Bruxelles, si jamais les socialistes européens viraient en tête au soir du 25 mai. Le
président de la République, par contraste, affiche sa volonté de laisser choisir les électeurs, non pas par respect du Parlement européen, mais parce qu’il entend empêcher Berlin d’introduire dans le jeu la patronne du FMI Christine Lagarde.
Ces calculs à courte vue sont doublement dommageables. D’une part, ils apportent encore de l’eau au moulin des populistes qui tiennent les institutions bruxelloises pour des monstres bureaucratiques sans légitimité. D’autre part, en étalant leurs divergences sur le sujet, Paris et Berlin montrent la stérilité du couple franco-allemand aujourd’hui. Merkel et Hollande, lors de leur conciliable du week-end, n’ont une fois de plus engendré aucun projet mobilisateur à soumettre aux électeurs le 25 mai. Dans ces conditions, qu’ils les laissent au moins choisir le président de la Commission.Luc de Barochez
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