Pour la deuxième fois en cinq mois, Manuel Valls s’apprête à demander la confiance aux députés. «Je prononcerai un discours sur le sens», annonce-t-il, mystérieux. Mais ce vote de confiance a-t-il vraiment un sens ? Dans un climat général de défiance, ce rituel de la Ve République sonne faux. Faux parce que le Premier ministre a usé et abusé de tous les registres politiciens pour arracher un sursis dans un climat délétère. La menace : un FN «aux portes du pouvoir». La dissuasion massive: une dissolution qu’«il n’imagine même pas» sans pour autant écarter «un accident». La carotte : un coup de pouce aux petites retraites… Que d’énergie dépensée pour clarifier, dramatiser et rassembler quand ses priorités devraient être de réformer, réformer, réformer.
Faux encore parce que, sens dessus dessous, la majorité n’en finit pas de tirer à hue et à dia, tétanisée par le poison de la division. La voilà bien incapable d’afficher cohérence et
persévérance face à des Français déboussolés par tant de fronde, de bricolage, de détricotage qu’un simple vote lourd de sous-entendus ne saurait effacer.
Faux enfin parce que, même enflammée, même autoritaire, la parole d’un Manuel Valls à la popularité en berne ne fera plus illusion. Démonétisé, son discours n’est plus performatif. Avec des déficits désormais hors de contrôle, le destin de la France se joue moins dans l’hémicycle qu’à Bruxelles et sur les marchés financiers. La nomination abracadabrantesque de Pierre Moscovici à la commission européenne n’y changera rien. La sanction menace, l’isolement pointe, le décrochage gagne. Car plus personne ne se paye de mots. Même du mot confiance.
Rémi Godeau
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