Gabriel
Lévy
27
septembre 2014
On
ne dit plus « Etat islamique du Levant»,
mais quelque chose de moins compréhensible. La peur d’accorder à la guerre que
nous menons la moindre connotation d’une guerre de religions !
Or,
il ne s’agit pas d’une guerre de religions, mais d’un « choc de
civilisations ». Mais nos « élites » ont toujours nié
la pertinence de cette théorie, à l’évidence par pusillanimité, car il est
impensable qu’elles aient été stupides, mal informées, imprévoyantes.
Le
concepteur de cette théorie, Samuel Huntington (1993) recense 9 civilisations
différentes : occidentale, latino-américaine,
africaine, islamique, chinoise, hindoue, orthodoxe, bouddhiste et japonaise. Il
semble aujourd’hui que la civilisation islamique, ou une fraction plus ou moins
importante de celle-ci, soit en conflit avec toutes les autres et dans tous
les continents.
L’auteur se fonde sur une conception géopolitique
simple. Depuis l’effondrement de l’URSS, les conflits ne sont pas causés par
des clivages politiques (par exemple capitalisme versus collectivisme), mais
par des oppositions culturelles qu’il appelle « civilisationnelles »,
dont la religion occupe (parfois) l’essentiel.
Il écrit : « Dans le monde multipolaire,
les oppositions ne sont plus idéologiques, économiques et politiques, mais
culturelles. « Les civilisations, en cherchant à répondre à la
question « qui sommes-nous ? », se définissent en termes de religion, de
langue, d'histoire, de valeurs, d'habitudes et d'institutions».
« Des groupes culturels se forment aussi
bien à l'échelle nationale qu'internationale,
modifiant considérablement la nature des relations internationales ».
A l’origine de sa théorie, il remarquait
qu’en 1994 des musulmans de Bosnie
défilaient à Sarajevo en brandissant des drapeaux de l’Arabie saoudite et de la
Turquie, alors que c’était l’occident qui leur venait en aide.
Actuellement, nous sommes en guerre contre des
califats. Certains d’entre eux disposent déjà d’un territoire étendu
(s’affranchissant des frontières existantes), de ressources, de soldats et de
matériel ; d’autres se limitent à des razzias ou des actes terroristes en
Afrique en Asie en Australie. Tous se réclament de l’Islam. On peut ergoter sur
le bon et le mauvais Islam, on peut même oublier la nature religieuse d’un
califat. Il reste cependant qu’il s’agit bien d’une civilisation,
dont il est inutile de décrire les aspects, qui s’oppose en tous points à la
nôtre, qui n’offre d’autre choix à la dhimmitude que la conversion ou la mort,
qui est totalitaire et conquérante, et qui pour cela n’hésite à aucune cruauté.
Or, « elle a pour elle le temps, l’espace et bientôt le nombre ».
Sans un sursaut de notre part, elle pourrait s’imposer.
Qu’il soit dit toutefois qu’un grand nombre de
musulmans osent maintenant prendre partie contre le Léviathan.
« Osent », car en 2005 un site musulman (melanieyakhou.skyrock.com)
publiait une analyse exhaustive des « rapports
entre l'Occident et le monde musulman » (30
pages, 106 références), faite par des universitaires, mais l’on cherchait en
vain le nom des auteurs. Chacun savait combien il était dangereux pour eux de
formuler la moindre critique à l’égard de la religion.
Qu’il soit dit alors que l’absence de courage de
nos « clercs » aura été responsable de leur réserve, voire de
leur crainte. Ces auteurs, pour qui « il n'y a pas de dialogue sans
franchise » citaient Aristote qui écrivait : “l'amitié est une
belle chose, mais la vérité est plus belle encore”.
La « vérité » souhaitée, c’était de
ne pas avoir peur des mots, c’était de bien nommer les choses et nos
« clercs » n’ont pas crié assez fort que toutes les religions étaient
admises à l’intérieur des espaces privés, mais que nous étions attachés à notre
civilisation, et que, dès lors que l’on vivait hic et nunc, on
en admettait les règles.
Nos dirigeants en n’acceptant, pas plus aujourd’hui
qu’hier, la pertinence de la théorie du conflit de civilisations,
en se payant de mots (la taqiya), finissent par perdre toute lucidité. Ainsi,
ils ne paraissent pas persuadés de la permanence d’une guerre sur tous les
fronts et ils se demandent encore ce qu’il faut faire, s’il ne faut pas en
faire trop (intervenir en Syrie ou seulement en Irak) et quels sont nos alliés objectifs.
Personne ne proclame qu’il
faut combattre une religion. Il faut seulement se préserver de la civilisation
que certains pourraient nous imposer
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