Les chiffres sont si astronomiques qu’on peine à les appréhender. La dette publique de la France, qui était de 1 000 milliards d’euros en 2003, a franchi les 2 000 milliards aujourd’hui. Faut-il rappeler qu’en 1980, en équivalent euros, elle était inférieure à 100 milliards ? Et pourtant, la France continue à augmenter ses dépenses publiques et bafoue, pour la troisième fois, les règles européennes visant à limiter le déficit budgétaire des Etats membres.
Aujourd’hui la France n’est ni en faillite ni en défaut sur sa dette. Elle peut même emprunter à des taux d’intérêt quasi-nuls et continuer à s’endetter comme si de rien n’était. Cet état de grâce, elle le doit d’abord à la Banque centrale européenne. C’est l’existence de la monnaie unique qui permet de compter sur la puissance économique allemande pour éviter l’écroulement financier des pays qui refusent de se réformer. Et c’est la BCE qui, par sa politique monétaire laxiste, génère un excès de liquidités qui ne demandent qu’à se placer dans la dette souveraine de la deuxième économie de la zone euro.
C’est bien cette abondance de cash qui permet de rendre indolore le coût du risque et d’anesthésier les marchés. Droguée à la dette, la France ne réalise pas qu’elle s’est placée sous une épée de Damoclès que le président de la BCE, Mario Draghi, tient dans ses mains. Le jour où, poussée par une remontée des taux aux Etats-Unis ou par un durcissement de la politique allemande, la banque centrale devra serrer les boulons, le réveil sera douloureux. Il sera alors trop tard pour se demander pourquoi on n’a pas réformé le pays pendant qu’on le pouvait. Et comme toujours ce sont les Français – du moins ceux qui payent des impôts – qui devront mettre la main au portefeuille.
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