Manuel Valls peut mesurer toute la schizophrénie de sa politique. Pour obtenir la confiance de l’Assemblée nationale, il a dû renoncer la semaine dernière à toute réforme un tant soit peu ambitieuse ; pour gagner la confiance d’Angela Merkel, il a promis lundi de faire les réformes que l’Allemagne attend. Qui la chancelière doit-elle croire, le Manuel Valls de la semaine dernière, ou celui de cette semaine ?
Il se trouve que la dirigeante allemande travaille avec des conseillers qui maîtrisent le français à la perfection. Ils lui ont rapporté ce que Manuel Valls a proclamé mardi dernier au Parlement, et ce que François Hollande a expliqué jeudi en conférence de presse : à savoir que la France ne reviendrait ni sur les 35 h ni sur le smic, qu’elle ne toucherait ni au nombre de fonctionnaires ni à l’âge de la retraite, et que l’Allemagne en revanche devait « prendre ses responsabilités » pour la croissance en Europe.
Comment la chancelière pourrait-elle, dans ces conditions, donner quitus à Manuel Valls, valider le nouveau dérapage des comptes publics français et s’engager dans une relance par l’investissement ? Quel crédit pourrait-elle accorder à une France allergique à la réforme, à un gouvernement français qui lui renvoie l’austérité à la figure dès qu’elle exige un minimum de discipline budgétaire, à un pays qui est à la fois un partenaire incontournable et une source d’inquiétudes vertigineuses ?
Angela Merkel a raison d’attendre de la France qu’elle se réforme et qu’elle respecte ses engagements. Elle est même, pour cause de transition entre deux Commissions à Bruxelles, la seule en Europe à pouvoir le réclamer de manière crédible en ce moment. Nous devrions lui en être reconnaissants.
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