La majorité peut toujours continuer à se faire peur et les Frondeurs à jouer les gros bras, Manuel Valls a toutes les chances d’obtenir la confiance des députés, la semaine prochaine à l’Assemblée. Vu l’état de la gauche, il y aura peu de candidats à ce suicide politique que constituerait l’enchaînement vote de défiance-dissolution-cohabitation.
Mais si ce vote à reculons permet au Premier ministre de rester à son poste, le chef du gouvernement n’en est pas moins devenu un mort-vivant politique. On le voit en effet au travers des chiffres catastrophiques enfin avoués par Bercy : la situation de la France va continuer à se dégrader. Ainsi donc, l’inflexion politique, ce tournant social-démocrate de Manuel Valls n’aura aucune incidence positive sur l’économie ni sur le chômage. En deux petites semaines, le gouvernement a perdu tout son maigre capital politique du printemps : l’invraisemblable enchaînement de catastrophes a cassé la dynamique que pouvait incarner Manuel Valls. Et voici que son gouvernement en est maintenant réduit à annoncer lui-même, au travers des prévisions économiques, son propre échec. Tout en disant, dans le même mouvement : « on continue ».
Cette position est intenable. A la fois vis-à-vis de tous ceux qui, dans la majorité, contestent la ligne de François Hollande, mais aussi et surtout vis-à-vis des Français : comment leur faire admettre que cette politique, pourtant présentée par le gouvernement comme la seule possible et nécessitant d’immenses efforts, produise d’aussi pathétiques résultats ?
Et comment faire accepter par Bruxelles que si le contexte a changé – croissance zéro et faible inflation – notre politique, elle, ne changera pas ?
Alors qu’on s’approche seulement de son mi-mandat, François Hollande se retrouve à la tête d’un pays dégradé et qui ne propose même plus aujourd’hui de solution pour s’en sortir. Effrayant.
Nicolas Beytout
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