La semaine qui s’ouvre lundi sera celle de tous les dangers sur le front de l’économie. Les initiatives internationales prises par François Hollande peuvent détourner l’attention de l’opinion des problèmes domestiques mais ne les résoudra pas. L’accueil du discours de politique général mercredi et ce qu’il en suivra sera déterminant pour échapper à ce qui pourrait déboucher sur un scénario catastrophe…
Par Jean-Marc Sylvestre
Contrairement à ce que dit et répète Manuel Valls, ce n’est pas le FN de Marine Le Pen qui est à la porte du pouvoir dans l’immédiat, c’est le FMI qui peut être obligé d’intervenir, poussé par les marchés financiers et l’ensemble de nos créanciers.
Pourquoi ? Tout simplement parce que la maison France est au bord de la cessation de paiement. Elle est surendettée. Elle doit emprunter pour payer les seuls intérêts de ses emprunts. Jusqu’alors elle a trouvé de l’argent pour faire ses échéances à un taux dérisoire. L’Europe, faisant confiance à ses investisseurs, a toujours su attirer les capitaux. Disons au passage que le sérieux des contribuables français d’un côté et la garantie financière de l’Allemagne et les soutiens de la banque centrale ont sécurisé les apporteurs de fonds à un prix très avantageux. Faut-il rappeler que le taux directeur de la BCE est tombé à 0,15%...
avec des taux de dépôt négatifs. Les taux peuvent difficilement tomber plus bas.
Or, cette situation n’est pas durable pour trois raisons.
La première c’est que le gouvernement n’a rien fait depuis deux ans pour freiner l’endettement et les déficits. Il a
promis de le faire mais il n’a jamais pu passer à l’acte. Le ministère de l’Economie désormais aux mains d’Emmanuel Macron et de Michel Sapin reconnait la gravité de la situation. La confiance des investisseurs est cassée.
La deuxième raison c’est que l’Allemagne ne va pas continuer à tenir la communauté européenne à bout de bras, tout en se faisant critiquer et attaquer par ses partenaires. L’opinion publique allemande ne supporte plus l’arrogance française.
La troisième raison c’est que l’équilibre actuel des taux d’intérêt ne va pas durer. Le changement de pied de la réserve fédérale qui remonte les taux américains va mettre la BCE en porte à faux et attirer les capitaux sur le dollar… Si demain, il y a un différentiel de taux de 2 ou 3 points entre l’Amérique et l’Europe, il ne faut pas être prix Nobel d’économie pour prévoir un détournement de capitaux. Les fonds iront s’investir aux USA… Ca s’appelle un krach obligataire et ça commence à faire peur à tout le monde en Europe et notamment en France. Qui dit krach obligataire, dit blocage des financements publics, mais pas seulement. Un peu comme en octobre 2008, quand le blocage du système bancaire mondial a nécrosé les appareils économiques.
Dans cette hypothèse-là, la seule issue c’est l’intervention dans les pays européens les plus fragiles de la troïka… La BCE, la Commission européenne, avec la caution du FMI. Le FMI ne peut pas juridiquement intervenir dans un pays, mais il apporte sa caution. Une sorte de banquier en dernier ressort.
C’est déjà arrivé deux fois dans l’histoire de France. En 1958 quand le général de Gaulle est revenu au pouvoir et en 1981 quand le président François Mitterrand a été contraint de changer sa politique économique. A chaque fois, l’opération sauvetage a été humiliante et douloureuse, mais inéluctable.
Dans le cas de le France, l’intervention du FMI reviendrait demain comme jadis, qu’on le veuille ou non, à une mise en tutelle.
Pour l’opinion publique française, pour la classe politique et pour le gouvernement, c’est un scenario catastrophique. Les marchés et le FMI assureraient les échéances à condition comme en Italie ou en Grèce de faire passer des réformes draconiennes et des changements de management. Il se passerait exactement ce qui se passe dans une entreprise quand elle est en difficulté. Le pool des banques impose une politique, un redressement et des changements de responsables. On l’a déjà oublié mais en Italie, Sylvio Berlusconi avait été débarqué en 24 heures et remplacé par Mario Monti qui arrivait presque tout droit de Goldman Sachs.
Le nouveau gouvernement Valls, le ministère de l’Economie, une grande partie du monde des affaires et les chefs syndicaux même s’ils ne le disent pas trop fort souhaitent de Manuel Valls deux choses…
Un, qu’il obtienne la confiance de sa majorité sur un programme sérieux de redressement des finances publiques.
Deux, qu’il commence enfin à l’appliquer.
Alors ne rêvons pas, il n’y a pas de remèdes miracles dans le programme Hollande –Valls. Il y a même des éléments déflationnistes, mais un tel programme servirait de moteur de confiance pour les investisseurs privés.
Il y a beaucoup d’argent sur le marché… Cet argent ne sert aujourd’hui qu’à financer les déficits publiques de fonctionnement. Or ce dont l’économie a besoin c’est d’investissements privés. Il n’y aura d’investissements privés que si et seulement si les acteurs ont confiance dans le rééquilibrage du système.
Est-ce que Manuel Valls peut encore apporter un marqueur de confiance. Ce n’est pas sûr. C’est peut-être déjà trop tard.
Le plus grave, c’est qu’en France beaucoup souhaitent son échec (à droite et à gauche) pour des raisons idéologiques parce qu'’ils souhaitent la mise à l’écart de la France du système mondial de développement fondé sur la liberté des échanges et le progrès technologique. La France est quand même l’un des seuls pays au monde à être aujourd’hui traversée par des courants d’opinions aussi suicidaires.
Machiavel, (le prince), disait des peuples que la crise pouvait les rendre intelligents… Et c’est vrai qu’arrivés au bord du gouffre, ils finissent par accepter des solutions qu’ils refusaient obstinément. Sans doute ! Mais il arrive aussi que des leaders d’opinion choisissent le pire parce qu’ils espèrent tirer un profit personnel du chaos.
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